Dans ses «Quatre poèmes symphoniques d'après Böcklin», op. 128, Max Reger s'inspire de quatre tableaux du peintre bâlois Alfred Böcklin. Ces pièces symphoniques appartiennent à la dernière période de la vie de Reger: il revient à une forme d’art à laquelle il avait délibérément renoncé, qu'un lyrisme souvent tourmenté agrandit et dramatise aux dimensions de véritables fresques. L'oeuvre fut donnée en première audition en 1913 à Essen, sous la direction du compositeur.
De courtes descriptions citées du «Guide de la musique symphonique» publié chez Fayard par François-René Tranchefort:
"[...] 1. Der geigende Eremit («L'ermite jouant du violon») (Molto sostenuto): la prééminence revient au violon solo, – le violon de l'ermite jouant pour les Anges. Les cordes – deux groupes, dont un avec sourdines (comme dans la Sérénade Op. 95) – préludent avec un air ancien sous forme de choral. Intervention des vents, d'un lyrisme plus extraverti. Alors s'exprime au violon solo un chant empreint de douce piété, qui peu à peu s'harmonise et se passionne; tout se termine dans la sérénité retrouvée.
2. Im Spiel der Wellen («Dans le jeu des vagues») (Vivace): libres ébats de tritons et de naïades. Vagues écumantes et scintillantes, tour à tour: ce que veut suggérer un orchestre imprévu, affranchi de toute préoccupation thématique contraignante, mais trop peu fluide...
3. Die Toteninsel («L'Ile des morts») (Molto sostenuto): se risquera-t-on à une comparaison avec le poème symphonique – du même titre – de Rachmaninov, qu'inspire également Böcklin? Dans un tel cas, il semble que la préférence de l'auditeur n'ira pas au musicien allemand. Sur d'étranges et pesantes harmonies, le chant de douleur des «morts» s'exprime aux hautbois et cor anglais. La plainte unanime se fait cri déchirant, sauvage et suppliant: l'orchestre entier se déchaîne. En vain: tout espoir de «résurrection» se dissipe...
4. Bacchanal (Vivace): hélas, le mouvement le plus faible de la partition. D'évidence, Reger mobilise toutes les ressources de son métier, – rythmiques, harmoniques et contrapuntiques. Rien n'y fera: l'orchestre, lourd, cuivré, inutilement somptueux, d'une vigueur rythmique quasi athlétique, ne réussit pas à créer l'orgie sonore qu'on était en droit d'attendre. Oeuvre inégale, déséquilibrée, ces quatre «tableaux» symphoniques n'ont pu s'acquérir qu'une faible renommée hors d'Allemagne où ils conservent quelque prestige. [...]"
Grande salle de concert de la Maison de la Radio de Cologne - Michael Gielen
L'enregistrement qui vous en est proposé sur cette page date de 1969, Michael GIELEN dirigeant l'Orchestre Symphonique de la Radio de Cologne - le «Kölner Rundfunk-Sinfonie-Orchester», avec le violon-solo de Saschko GAWRILOFF: je n'ai malheureusement pas (encore) plus de détails.
Voici donc...
Max Reger, Quatre poèmes symphoniques d'après Böcklin, Op. 128, Saschko Gawriloff, Violine, Koelner Rundfunk-Sinfonieorchester, Michael Gielen, 1969
1. Der geigende Eremit: Molto sostenuto 06:50 (-> 06:50)
2. Im Spiel der Wellen: Vivace 03:58 (-> 10:48)
3. Die Toteninsel: Molto sostenuto 08:10 (-> 18:58)
4. Bacchanal: Vivace 04:23 (-> 23:21)
Provenance: Radiodiffusion, Archives Radio de Cologne