Cette symphonie fait partie du groupe de symphonies composées entre 1785 et 1786, le 12e groupe dans la chronologie établie en 1990 par James WEBSTER:
Dans les années 1780, Joseph Haydn est de plus en plus connu à l’étranger, bien que sa charge de Kapellmeister à la cour du prince Esterházy le retienne en Autriche. Fin 1784 ou début 1785, le compositeur accepta toutefois une commande de six symphonies qu'il reçut par l'intermédiaire de Claude-François-Marie Rigoley, comte d'Ogny, pour le prestigieux „Concert de la Loge Olympique“, une loge maçonique à Paris. Une commande très intéressante: d'une part, il lui fut payé la somme mirobolante de vingt-cinq louis d'or par opus; d'autre part, le large effectif du Concert de la Loge lui permit de déploier considérablement le champ de ses possibilités musicales, l'orchestre de la Loge étant en outre connu comme l'un des meilleurs d'Europe.
"[...] Cette société de concert franc-maçonne comptait plus de 300 membres et un orchestre de 65 musiciens composé de professionnels et d’amateurs. Étant donné que les manifestations de la Société se tenaient dans la Salle des Gardes au Palais des Tuileries dans le cadre d’une série de concerts d’abonnement, ces derniers n’étaient accessibles qu’aux membres de la Société et ne faisaient l’objet d’aucune annonce publique ni de comptes rendus, de sorte que l’on ignore les dates d’exécution précises de ces symphonies. Le comte d’Ogny dont les fonctions étaient celles d’un «Intendant général des Postes et courriers de France» et qui jouait du violoncelle dans l’orchestre de la Société, avait transmis la commande à Haydn. Ce dernier composa les six symphonies probablement dans l’ordre suivant: Hob. I:87, 85, 83 (1785) et Hob. I: 84, 86, 82 (1786). La numérotation divergente du catalogue des oeuvres de Haydn dressé par Anthony von Hoboken remonte à la première édition viennoise.
Les premières exécutions des symphonies n’eurent pas lieu à Paris, mais à la cour d’Esterházy sous la direction de Haydn – c’est du moins ce que suggère le matériel d’exécution utilisé par ce dernier, conservé pour les symphonies Hob. I:84, 85, 86, et qui a été réalisé pour chacune d’elles à partir de l’autographe. Les six symphonies connurent un tel succès à Paris que la Société Olympique commanda encore trois autres oeuvres que Haydn composa en 1788/89 (Hob. I:90, 91, 92).
On conserve les partitions autographes de cinq de ces six «Symphonies parisiennes» (Hob. I:82–87). On possède en outre les copies authentiques de parties séparées qui documentent les ajouts et les corrections effectuées par Haydn, enfin la copie destinée au graveur que Haydn avait lui-même envoyée à Londres à l’éditeur Forster. Outre l’édition londonienne, il existe également une première édition viennoise (Artaria) diligentée par le compositeur. Les commanditaires des oeuvres qui avaient également acquis les droits de publication furent à l’origine de la première édition parisienne (Imbault). Les trois éditions virent le jour en 1787 et 1788 en parties séparées. [...]" Ulrich Scheideler, automne 2018, cité de la préface pour la symphonie No 85 publiée chez Henle.
Témoignage de leur popularité, des conversations et des enthousiasmes qu'elles suscitèrent, certaines vont acquérir des surnoms que le compositeur n'avait nullement conçus. Ainsi, la Symphonie n° 85 (préférée par Marie-Antoinette) deviendra «La Reine de France», tandis que l'expressivité facétieuse du hautbois entonnant le deuxième thème du premier mouvement de la Symphonie n° 83 lui vaudra d'être identifiée comme «La Poule». Quant à la Symphonie n° 82, son final en forme de rondo évoque à ses auditeurs l'allure cocasse d'un ours dansant au son d'une cornemuse de village.
Dans les années 1960, Leslie JONES enregistra une cinquantaine des symphonies de Joseph Haydn avec son «Little Orchestra of London» - pour le label britannique Pye Records, et qui furent peu après rééditées aux USA par le label Nonesuch Records. Celui de la symphonie No 83 fut ainsi réédité sur ce disque Nonesuch H-71083, avec les symphonies No 12 et 26:
Je n'ai pas encore pu trouver de date d'enregistrement. Le disque fut publié en automne 1966: on retrouve sa parution mentionnée par exemple dans le quotidien «The Boston Globe», Boston, Massachusetts, du 16 octobre 1966, en page 106 (chonique de Michael Steinberg, Discology - Haydn: new issues):
Cité des notes de Edward Tatnall CANBY publiées au verso du disque Nonesuch H 71083:
Voici donc...
Joseph HAYDN, Symphonie no 83 en sol mineur, Little Orchestra of London, Leslie JONES
1. Allegro spiritoso 04:58 (-> 04:58)