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Frank MARTIN
Concert pour clavecin et petit orchestre (1951-1952)
Isabelle NEF
Ensemble Orchestral de l'Oiseau-Lyre
Louis de FROMENT
1955

Frank MARTIN composa son Concert pour clavecin et petit orchestre entre 1951 et 1952; Isabelle NEF, à qui l'oeuvre est dédicacée, en donna la première audition à Venise le 14 septembre 1952, dans le cadre du festival de la Société Internationale de Musique Contemporaine (SIMC), Fernando PREVITALI dirigeant l'orchestre.

Peu après Isabelle NEF enregistra l'oeuvre pour le label „L'Oiseau-Lyre“, accompagnée par un orchestre nommé «Ensemble Orchestral de L'Oiseau-Lyre», le tout sous la direction de Louis de FROMENT:

Au verso de la pochette de ce disque «L'Oiseau-Lyre OL LD 94», c'est Ernest ANSERMET qui en rédigea la présentation:

"[...] Le clavecin est un instrument que Frank Martin connaît bien pour l'avoir pratiqué lui-même dans la musique de chambre, de sorte que dans l'emploi qu'il en fait ne se perçoit aucun effort d'adaptation, aucun „retour à l'antique“, et qu'avec l'instrument il n'emprunte nullement les formes musicales qui lui étaient attachées dans la musique ancienne; il y parle son propre langage et trouve même en lui des ressources sonores particulièrement appropriées à son propre style.

La Symphonie concertante (1945) a été à cet égard une sorte de découverte dont il est intéressant de suivre le développement dans le Concert de Clavecin, écrit en 1952 à l'intention de Madame Isabelle Nef.

Dans la première de ces oeuvres, toutefois, Frank Martin pouvait jouer de l'opposition des trois intruments solistes, alors que dans cette oeuvre nouvelle, réduit aux seules ressource du clavecin, il ne pouvait compter que sur la substance musicale même qu'il confiait à son instrument soliste. L'auditeur peut donc s'attendre à une oeuvre plus intime, plus concentrée, moins immédiatement séduisante que celle qui a rendu, populaire, on peut le dire, le nom de Frank Martin.

Le clavecin, en effet, ne saurait entrer en compétition avec un orchestre trop coloré et l'auteur ne pouvait lui assurer sa prééminence de soliste dans le cas particulier qu'en l'entourant d'un ensemble instrumental extrêmement discret et discrètement mis en oeuvre.

D'autre part, l'unité interne et la continuité dans l'art de Frank Martin sont trop manifestes pour qu'on ne les remarque pas et qu'on ne retrouve pas dans cette oeuvre certains traits du Concerto de violon, de la Symphonie concertante et des Ballades, mais si le compositeur reste fidèle à lui-même il marque à chaque oeuvre nouvelle un nouveau degré de liberté et de maîtrise de son langage.

Il n'y a plus trace, dans ce Concert de clavecin, de ce procédé que les musiciens appellent „technique des douzes sons“ et qui n'a jamais été, pour Frank Martin, qu'un moyen de se mouvoir librement dans le champ total des relations tonales. Inutile de parler de „thèmes“: nous ne sommes pas ici dans une dialectique thématique, mais dans un mouvement de pur lyrisme, fleurissant autour de quelques motifs en perpétuelles métamorphoses et créant sa propre forme.

Si l'allegro comodo répond au schéma classique d'un allégro symphonique, le second mouvement présente ce caractère original de constituer à la fois le mouvement lent et le finale de l'oeuvre: l'adagio par lequel il débute s'anime intérieurement pour ainsi dire et se prolonge dans un mouvement de plus en plus emporté sur lequel réapparaissent, inchangés mais toujours plus éloquents, les motifs de l'adagio, cet élan atteignant son point culminant dans une cadence du clavecin. La vieille “cadence” traditionelle, qui était une sorte de suspension de la musique se livrant pour un moment à un pur jeu de virtusosité, est ainsi intégrée dans la forme; elle en devient une part organique et, dans le cas particulier, l'aboutissement, après quoi quelques mesures de péroraison suffisent à amener l'oeuvre à son terme.
[...]"

Ernest ANSERMET donna la première suisse de cette oeuvre à Lausanne et Genève, les 3 et 5 novembre 1953, bien entendu avec Isabelle NEF en soliste (Isabelle Nef n'en avait auparavant donné à Genève qu'une audition privée, mais sans l'appoint de l'orchestre). Cité du compte-rendu de Franz WALTER, publié le 6 novembre dans la Gazette de Genève en page 9, qui nous donne quelques précisions de plus sur le Concert pour clavecin:

"[...] Au troisième concert de l'abonnement - Une oeuvre nouvelle de Frank Martin

Sans doute la forme du Concert pour clavecin et orchestre nous incite-t-elle à faire immédiatement un rapprochement avec la Petite Symphonie concertante, dans laquelle le clavecin jouait un rôle de premier plan, et le souvenir récent du concerto de violon nous amène à des comparaisons du même genre, car on retrouve entre ces deux der­niè­res oeuvres - pourtant assez différentes par d'autres points - certaines atmosphères communes. Ce qui n'a rien d'étonnant, lorsque l'on sait que les oeuvres les plus récentes de Frank Martin portent toutes la marque de la préoccupation actuellement essentielle du compositeur et qui est la composition d'un opéra d'après la Tempête de Shakespeare. Dans ces deux dernières oeuvres mentionnées se retrouvent en effet, de l'aveu même du compositeur, le reflet conscient de certaines pensées directrices de son opéra. Mais je tiens à dire d'emblée que je préfère de beaucoup cette dernière pièce au concerto de violon.

Traitant l'orchestration d'une manière très légère et délicate, en conformité avec le caractère sonore du clavecin, Frank Martin fait concerter - d'où le titre de Concert et non Concerto choisi par l'auteur - les différents instruments d'orchestre avec le clavecin, créant des accords de timbre, des dialogues, des fusions ou au contraire des oppositions qui sont infiniment plaisantes et toujours réglées d'une main très subtile. Concision, tel est le terme qui vous vient à l'esprit face à cette oeuvre. En effet le matériel constructif en apparaît des plus réduits, presque sommaire. Un bref dessin obstiné, d'où s'échappe un motif rythmé, quelques accords au balancement syncopé, forment l'essentiel de la trame du premier mouvement; un bref enchaînement harmonique et mélodique donnant à son tour naissance à une figure rythmique sert de base à tout le second mouvement. Second mouvement qui est à la fois adagio et finale, puisque, par une accélération progressive, tout en restant d'un seul tenant, il finit par se transformer en allegro. À travers le jeu très subtil de ces éléments, l'oeuvre apparaît moins comme une construction à développements thématiques que comme une transformation d'états d'âme ou d'impressions sonores. Cette fusion de ce très particulier impressionnisme avec le côté profondément méditatif de la musique crée cette atmosphère si prenante qui est propre au langage de Frank Martin. Un langage dont les traits apparaissent désormais bien marqués, mais auquel la sensibilité et l'imagination de Martin savent conférer une éloquence toujours nouvelle.

Une fois l'oeuvre entendue, il semble pourtant qu'il nous manque encore quelque chose. Je pense que ce sentiment vient d'une conclusion un peu trop abrupte après la cadence finale. Celle-ci nous a ramené, en effet, dans une atmosphère de repliement qui ne prépare pas à une fin aussi immédiate.
[...]"

En ce qui concerne le disque «L'Oiseau-Lyre OL LD 94», je ne peux vous en proposer que l'écoute par l'intermédiaire d'un iframe embarqué du splendide site archive.org, plus exactement de cette page, les oeuvres de Frank MARTIN ne tombant dans le domaine publique qu'en 2045.

Frank Martin, Concert pour clavecin et petit orchestre (1951-1952), Isabelle Nef, Ensemble Orchestral de l'Oiseau-Lyre, Louis de Froment, 1955

1. Allegro commodo                  -> 07:51
2. Adagio, piu mosso, vivace        -> 19:43


Provenance: L'Oiseau-Lyre OL LD 94, cette page du site archive.org

L'enregistrement peut être téléchargé sur la page référenciée ci-dessus.