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Sergei PROKOFJEW
Symphonie No 2 en ré mineur, opus 40
Orchestre symphonique de la SWR
Gennadi ROSCHDESTWENSKI
5 novembre 1970

«« Composée dans les années 1924/1925, la Deuxième symphonie de Sergei Prokofjew est une création typique de son époque - en termes de contenu, elle est étroitement liée à la foi aveugle dans la machine, à la pensée progressiste radicale et à l'enthousiasme presque naïf pour la technologie qui prévalaient alors. Elle fut composée à Paris, dans une ville qui, à cette époque, ne craignait rien de l'étrange ou de la nouveauté, pour laquelle aucune oeuvre ne pouvait être trop dissonante, trop violente. Prokofjew n'aurait pu écrire sa symphonie „sans l'influence de l'atmosphère parisienne, où les gens n'avaient pas peur de la musique compliquée ou de la dissonance, et donc en quelque sorte approuvaient ma tendance à penser de manière compliquée“.

Une pensée complexe, en effet. Quelle différence radicale entre cette oeuvre et la symphonie précédente, sa “Symphonie classique“! D'un côté, des réflexions compo­si­tion­nelles habiles sur le style classique de Haydn, de l'autre, cette symphonie „de fer et d'acier“, avec ses éléments bruitistes. “Pacific 231“ de Honegger vous salue...

La technologie et les machines, idoles de la nouvelle ère, transposées en musique. Prokofjew s'est inspiré d'un compositeur aussi prestigieux que Beethoven - modelant la structure de son oeuvre sur la Sonate pour piano op. 111 en deux mouvements de Beethoven, qui se compose d'un mouvement en forme de sonate et d'un deuxième mouvement de variations. Le musicologue russe Mikhaïl Tarkanov a discerné une grande part de volonté dans le premier mouvement, affirmant que l'objectif ultime de celui-ci était le développement d'un thème héroïque contre des forces élémentaires désorganisées. Cette affirmation se reflète avant tout dans la dissonance flagrante du premier mouvement, où le développement thématique au sens propre est difficile à trouver; Prokofjew condense plutôt progressivement l'intensité dissonante en couches d'accords dodécaphoniques. Ce n'est qu'à la coda qu'il est possible de vaincre les murs sonores massifs.

Prokofjew écrivit à propos du second mouvement: „ Après le premier mouvement énergique, il fallait un répit, au moins au début du deuxième mouvement, que j'avais prévu comme un thème avec variations, et j'ai choisi un thème japonais paisible“.

Il y a en effet un fort contraste avec le premier mouvement; on y trouve des caractéristiques mélodiques beaucoup plus subtiles, une sorte de tissu fin de fragments de structure mélodique. Les six variations sont toutes très différentes, parfois très proches du thème (1), puis pleines de rebondissements inattendus (2), auxquels s'ajoutent ensuite des éléments de scherzo dansants (3), suivis d'un adagio lyrique et raffiné aux structures polytonales (4), de sons de fête foraine avec un orgue de Barbarie qui rappellent Petrouchka de Strawinsky (5) et d'un retour au thème du premier mouvement, rappelant une procession organisée (6). Tout est envahi par une puissance mécanique, mais à la fin, le thème lyrique du mouvement de variation réapparaît, comme une lueur d'espoir. La puissance destructrice a été brisée, du moins au sens musical.

Cependant, la première à Paris ne fut pas un succès. Était-ce simplement une musique difficile, ou était-elle peut-être tout simplement impossible à communiquer? Sa prétention à la plus grande complexité a-t-elle causé son échec? Prokofjew était submergé par le désespoir. Son travail intense, tous les efforts qu'il y avait consacrés, avaient-ils été vains? „C'était la première fois que je pensais que je n'étais peut-être qu'un compositeur de second ordre“. Puis il prit rapidement une décision: „Ça suffit! Je n'écrirai plus jamais rien de compliqué!“. »» traduit des notes publiées en 2017 dans le livret du CD Pentatone PTC 5186624.

L'oeuvre ne fut ensuite que rarement entendue dans les salles de concert, ceci s'expliquant d'une part par les exigences techniques élevées que la composition impose aux musiciens de l'orchestre, et d'autre part par son caractère expressionniste et dissonant.

Cette symphonie occupa le compositeur jusqu'à la fin de sa vie: en 1953 il voulut entreprendre une révision fondamentale qu'il comptait publier sous le numéro d'opus 136. Mais son décès, survenu le 5 mars de la même année, fit échouer ce projet dès ses débuts.

Dans cette prise de son de la «Südwestrundfunk» de Baden-Baden datant du 5 no­vem­bre 1970, Gennadi ROSCHDESTWENSKI dirigeait l'Orchestre symphonique de la SWR («Sinfonieorchester des Südwestfunks»):

        1. Allegro ben articolato                 12:04 (-> 12:04)
        2. Theme and Variations
               Theme: Andante
               Variation 1: L'istesso tempo
               Variation 2: Allegro non troppo
               Variation 3: Allegro
               Variation 4: Larghetto
               Variation 5: Allegro con brio
               Variation 6 and Theme                23:39 (-> 35:43)

Provenance: Radiodiffusion

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1. Allegro ben articolato


2. Theme and Variations