Ce trio, écrit alors que Beethoven avait une quinzaine d'années, a probablement été réalisé pour répondre aux préférences musicales de la famille von Westerholt-Gysenberg, à la fille de laquelle le jeune compositeur donnait des leçons de piano. Le père, le Comte von Westerholt, jouait du basson et son fils de la flûte, formant ainsi le trio de cette oeuvre. Il n'est donc de ce fait pas surprenant que la pièce ne soit que modérément difficile pour les instrumentistes et, en raison de son instrumentation inhabituelle, Beethoven était non seulement limité dans sa gamme expressive, mais il s'est probablement senti moins inspiré qu'il ne l'aurait été dans une oeuvre pour une combinaison plus courante impliquant, par exemple, le piano et les cordes.

Sur la partition autographe, à la fin, le titre de l'oeuvre est „Trio concertant a clavicembalo, flauto, fagotto, composto da Ludovici van Beethoven organista di S. S. Electeur de Cologne“. Si cette note intéressante divulgue le lieu de composition - ou du moins le lieu où se trouvait le compositeur au moment où il a achevé l'oeuvre - elle semble également révéler que Beethoven se considérait avant tout comme l'organiste de l'Électeur, et non comme un compositeur. On remarque également que c'est le “clavicembalo“ qui est spécifié, et non le “pianoforte“.

Quoi qu'il en soit, cette oeuvre - publiée à titre posthume - présente un intérêt certain pour les passionnés de Beethoven.

Elle est composée de trois mouvements:

«« Le premier mouvement s'ouvre sur un arpège ascendant en sol majeur, évoquant la fameuse „fusée de Mannheim“, figure familière à l'apogée du célèbre orchestre de Mannheim. Dans un style concertant, le mouvement en forme de sonate se poursuit avec une succession de figures rapides où les instruments rivalisent entre eux.

Le deuxième mouvement est un adagio en sol mineur, où le jeu des instruments mène à un accord final en ré majeur et à un court passage de transition qui permet au piano une brève cadence avant le thème final et les variations.

[thème final et variations] Le piano introduit le thème, rejoint par les autres instruments, menant à une première variation où le piano occupe une place prépondérante. La deuxième variation est centrée sur le basson, avec des figures en triolets, suivie d'une version pour le luth, jouée par le piano. La quatrième variation, en sol mineur et 6/8, est centrée sur le basson et le piano en tierces, revenant en sol majeur pour une quinte avec le piano en triples croches, et la figuration reprise par la flûte dans le sixième traitement du matériau. La dernière variation est principalement menée par la flûte, et l'oeuvre se termine par une version animée du thème. »» Traduit des notes de Keith Anderson publiées en 2018 dans le livret du CD Naxos 8.573570

Camillo WANAUSEK, recto de la pochette du disque SPA 28, Alfred BRENDEL

Dans l'interprétation qui en est proposée ici, Camillo WANAUSEK est accompagné par le jeune Alfred BRENDEL au piano et Leo CERMAK au basson - une prise de son datant de 1952, parue sur le disque „Society of Participating Artists“ SPA-28 (selon la discographie publiée par Michael GRAY):