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Isaac ALBÉNIZ
Iberia, transcr. orchestre d'Enrique Fernández ARBÓS
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
5 au 8 mai 1960, Victoria Hall, Genève

Isaac ALBÉNIZ (1860-1909) débuta très tôt comme que pianiste virtuose itinérant: sa jeunesse fut très mouvementée et riche en aventures. Il se produisit sur scène à l'âge de quatre ans déjà, et après s'être vu refuser l'entrée au Conservatoire de Paris en raison de son très jeune âge, il s'enfuit de chez lui à l'âge de neuf ans. Il donna des concerts dans toute l'Espagne, puis, grâce à des récitals, il se fraya un chemin jusqu'au Nouveau Monde, donna des concerts de Cuba à San Francisco, entièrement seul. Il retourna en Europe à l'âge de treize ans, étudia en Angleterre et en Allemagne avant de retourner en Espagne, où il reçut une bourse royale pour poursuivre ses voyages. Il abandonna finalement sa carrière de pianiste itinérant, non sans avoir parcouru une nouvelle fois les Amériques, et se rendit à Paris pour étudier la composition auprès de Dukas, Debussy et d'Indy.

Albéniz fut un compositeur extrêmement prolifique. Il écrivit beaucoup pour le piano et composaa également des opéras sur des livrets anglais. Bien que catalan de naissance, il exploita surtout les inflexions orientales de l'Andalousie: sa musique est très déco­ra­tive, parfois presque trop, mais à son meilleur, elle est merveilleusement évocatrice et véritablement brillante.

L'ensemble de douze pièces pour piano intitulé „Iberia“ est certainement l'un des chefs-d'oeuvre d'Albéniz. Ces images sonores de différentes régions d'Espagne furent écrites entre 1906 et 1909 et montrent comment l'influence de Debussy contribua à développer et à affiner son talent naturel. Quelques années plus tard, cinq d'entre elles furent orchestrées par le chef d'orchestre et violoniste espagnol Enrique Fernández ARBÓS. Ces arrangements sont vivants et colorés, pour ne pas dire exubérants, et capturent efficacement le caractère folklorique et imaginatif des originaux. L'ensemble est imprégné de la saveur authentique de l'Espagne dans ses aspects les plus pittoresques.

Une autre de ses oeuvres pour piano, „Navarra“, qu'il laissa inachevée, est souvent jouée à la fin de ce cycle: elle fut complétée et orchestrée par Marie Joseph Alexandre DÉODAT DE SÉVERAC.

Chacune des pièces exploite un aspect particulier de la musique populaire espagnole:

-►  „Evocación“ prend la forme d'un „fandanguillo“: [...] le plus impressionnant est l’atmosphère profondément intériorisée qui envahit cette pièce, Albéniz voyant sa patrie de loin, au sens spatio-temporel du terme, dans une brume de souvenir et de nostalgie. Il s’agit là de l’un des huit morceaux d’„Iberia“ de forme sonate, avec les traditionnels exposition, développement et réexposition des thèmes. Si le thème principal rappelle les chansons et les danses du Sud, du type „fandango“/„malagueña“, le second thème, lui, évoque la „jota“ venue du Nord. Ainsi cette „Evocación“ (intitulée „Prélude“ dans le manuscrit) semble-t-elle embrasser le pays tout entier, en un large geste musical. [...]"

-►  „El Corpus en Sevilla“ (Fête-dieu à Séville) décrit la procession du „Corpus Christi“ à Séville, au cours de laquelle le „Corpus Christi“ est porté dans les rues accompagné de fanfares. Sur le plan musical, cette pièce consiste en une marche processionnelle qui finit par être submergée par une „saeta“ mélancolique, la mélodie évoquant le „cante jondo“ andalou et l'accompagnement évoquant les guitares flamenco. La marche et la „saeta“ s'alternent de manière de plus en plus forte jusqu'à ce que le thème principal de la marche soit repris sous la forme d'une tarentelle entraînante qui se termine brusquement par un accord culminant flamboyant ffff; la pièce se termine par une coda douce évoquant à nouveau les guitares flamenco ainsi que les sons lointains des cloches d'église.

-►  „Triana“ reprend le son d'un „pasodoble“ familier dans la banlieue de Séville: "[...] «Triana» – le quartier gitan de Séville, l’un des berceaux du „flamenco“ – retentit de toute la clameur d’une „juerga“ (fête flamenca), avec le raclement des guitares, le claquement des castagnettes, le „palmas“ (battement des mains) et le percussif „zapateo“ (battement des pieds). Passé une introduction à la „pasodoble“, le thème principal évoque la „sevillana“, une chanson/danse gaie et légère, populaire à Séville. [...]"

-►  „El Puerto“ (Le Port) est un „polo“ vivant („polo“: un des styles les plus anciens du flamenco, dérivé d'un genre du XVIIIe siècle, chanté sur le „compas“ de la „soleá“, plein d'agitation et de mouvement), inspiré par „El Puerto de Santa María“, dans la province de Cadix.

-►  „El Albaicín“ (le quartier gitan de Grenade) instaure le rythme entraînant de la „bulería“: "[...] Albéniz, qui adorait Grenade, l’évoqua souvent dans ses oeuvres. Ce numéro présente une série de trois alternances entre un thème principal dansant et une mélodie secondaire plus libre, en style de „copla“. La section de danse rappelle le rythme de la „bulería flamenca“, tandis que la distribution des notes simule une technique guitaresque où le pouce alterne avec l’index. De par ses qualités de mélopée, la „copla“ en style de „jondo“ crée une rêverie enchanteresse. [...]"

Ces cinq pièces évoquent l'Andalousie; par contre la sixième,
-►  „Navarra“, fait figure d'intruse sur le plan géographique, puisqu'elle se déroule dans la province septentrionale qui est le prolongement de la Navarre française. „Navarra“ n'appartient en fait pas à „Iberia“: Albeniz avait certes bien prévu de l'inclure dans son „Iberia“, mais avant de la terminer, il la remplaça par une autre pièce, „Jerez“, en laissant „Navarra“ inachevée ("[...] la décrétant «éhontément piètre» [...]"). C'est son pupille Déodat de Séverac qui en terminera la composition. Et pourtant „Navarra“ est une magnifique pièce, "[...] avec ses thèmes folkloriques magistralement exposés et développés dans le cadre d’une forme sonate. "[...] Citations ci-dessus d'après les notes rédigées par Walter Aaron CLARK pour Hyperion en 2005 (CDA67476/7).

Entre le 5 et le 8 mai 1960, Ernest ANSERMET enregistra ces deux oeuvres, avec son Orchestre de la Suisse Romande, dans le Victoria-Hall de Genève, aussi bien en monophonie qu'en stéréophonie - Pr: Michael Bremner & James Walker Eng: Karl Brugger (m), Roy Wallace (s). Le tout fut publié en novembre 1960 sur les disques Decca LXT 5598 (mono) et Decca SXL 2243 (stéréo) puis en février de l'année suivante sur les disques Decca LONDON CM 9263 (mono) et Decca LONDON CS 6194 (stéréo). Je ne peux toutefois vous les proposer que dans leur version en monophonie:

Isaac Albéniz, Iberia, transcriptions pour orchestre d'Enrique Fernández Arbós, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 5 au 8 mai 1960, Victoria Hall, Genève

        1. „Evocación“                                       05:40 (-> 05:40)
        2. „El Corpus en Sevilla“- Fête-dieu à Séville       08:20 (-> 14:00)
        3. „Triana“                                          04:37 (-> 18:37)
        4. „El Puerto“ - Le port                             04:25 (-> 23:02)
        5. „El Albaicín“ - Le quartier gitan de Grenade      06:51 (-> 29:53)
        6. „Navarra“                                         05:12 (-> 35:05)

Provenance: Decca LXT 5035

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En écoute comme fichier mp3 320 kbps:

1. „Evocación“


2. „El Corpus en Sevilla“- Fête-dieu à Séville


3. „Triana“


4. „El Puerto“ - Le port


5. „El Albaicín“ - Le quartier gitan de Grenade


6. „Navarra“