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Ernest BLOCH
Suite pour alto et orchestre (1920) B 13a
Ludovico COCCON
Orchestre de la Suisse Romande
Edmond APPIA
2 septembre 1954
La Suite pour alto et piano fut achevée le 29 mai 1919 à New York, son orchestration réalisée peu après - de juin 1919 à mars 1920. Cette version orchestrée avait été prévue dès le début: parmi les brouillons conservés à la Library of Congress est une copie de la Suite pour alto et piano dont la couverture porte la note «a été faite pour l'avoir sous la main afin de l'orchestrer, pendant que l'autre manuscrit était envoyé au Concours Coolidge.»

Le manuscrit original de la Suite pour alto et orchestre est conservé à la Library of Congress, dédicacé à Mme Coolidge.

Avec cette forme musicale alto - orchestre, Ernest Bloch fut un précurseur car, en 1920, seuls au répertoire étaient la Symphonie Concertante de Mozart et Harold en Italie de Berlioz. Dans sa thèse «The Viola Suite of Ernest Bloch», publiée en 1983, David L. Sills fait remarquer qu'il y a, pour la partie d'alto, des différences notables entre la version pour piano et la version orchestrale. L'orchestration apporte un enrichissement certain, qui en fait une oeuvre de grande valeur, très bien équilibrée: l'oeuvre est un dialogue entre le soliste et l'orchestre, ce dernier ne couvrant pas la voix de l'alto. L'oeuvre garde son caractère de musique de chambre, «les timbres individualisés, les détails finement ouvragés, la texture réduite à l'essentiel, en font la plus délicate des oeuvres de Bloch» Roger Sessions, Modern Music, novembre-décembre 1927, pp. 3-11.

La première audition fut donnée les 5 et 7 novembre 1920, à New York (Carnegie Hall), par Artur Bodansky dirigeant le National Symphony Orchestra, avec Louis Bailly en soliste.

Dans la notice du programme de cette première audition - cité de l'ouvrage de Joseph Lewinski et Emmanuelle Dijon “Ernest Bloch - Sa vie et sa pensée” publié chez Slatkine, 2e volume, pages 196 à 203 - Ernest Bloch écrivit:

"[...] J'ai d'abord eu l'intention de donner aux quatre mouvements de l'oeuvre des titres plus explicites et plus pittoresques: (1) Dans la jungle; (2) Grotesques; (3) Nocturne; (4) Le pays du soleil. Mais ces titres m'ont paru quelque peu incomplets et ne m'ont pas satisfait... Je préfère donc laisser libre et sans entrave l'imagination de l'auditeur plutôt que de l'enchaîner à un programme défini.

De façon quelque peu contradictoire, Bloch poursuit:

Cependant, le programme suivant est ce que je crois avoir vu dans la musique.

Premier mouvement: Lento-Allegro-Moderato
Le premier mouvement, le plus complexe dans son inspiration et dans sa forme, vise à donner l'impression d'une nature sauvage et primitive. L'introduction Lento commence par une sorte de cri sauvage, comme celui d'un féroce oiseau de proie, suivi immédiatement d'un profond silence Misterioso, et de la méditation de l'alto. D'autres motifs se succèdent ainsi qu'un petit motif thématique qui, plus tard, aura une grande importance. Tous ces éléments reviendront plus loin, soit dans le premier mouvement, soit dans les mouvements suivants plus ou moins transformés.

L'Allegro suivant apporte un motif de caractère joyeux et exotique auquel l'alto fait peut-être écho. Celui-ci introduit un nouveau dessin mélodique ainsi que des transformations du matériau précédent. La seconde partie de l'Allegro commence par une nouvelle idée - un peu juive à mon avis. À partir des thèmes les plus importants, un climax se développe. Il est suivi d'un decrescendo qui amène la conclusion de l'Allegro - de nouveau en silence et en s'endormant.

Tel le soleil perçant les nuages dans le mystère de la nature primitive, l'un des motifs précédents de l'alto s'élève avec plus d'ampleur Largamente,et le mouvement s'achève comme il a commencé, par la méditation de l'alto.

Le mouvement est un Allegro comprenant - grossièrement - trois parties, précédé d'une Introduction et suivi d'une Conclusion; voilà les éléments essentiels de cette forme.

Deuxième mouvement: Allegro ironico
Il est plutôt difficile de définir le second mouvement. C'est un curieux mélange de caractères grotesques et fantastiques,d'humeur sardonique et mystérieuse.S'agit-il d'hommes, ou d'animaux, ou d'ombres grimaçantes? Et quelles sortes de tristes et amères parodies de l'humanité dansent devant nous - parfois ricanant, parfois sérieuses? Je ne le sais et ne peut l'exprimer. Mais je retrouve des traces de ce sentiment dans des passages de mes oeuvres antérieures: dans le Scherzo de ma première symphonie (1902), dans les Sorcières de mon opéra Macbeth (1904-1907), dans le Scherzo de mon quatuor à cordes (1916). Mais ici, bien sûr, on trouve une couleur et une signification différentes.

La forme musicale suit de près l'expression de ces humeurs changeantes. C'est une sorte de forme Rondo... Le premier groupe de motifs (Allegro) est composé de courts fragments. La section qui suit est construite à partir d'un motif tout à fait différent (Grave).

Troisième mouvement: Lento
Cette page très simple exprime le mystère des nuits tropicales.Je me suis souvenu du merveilleux récit d'un ami cher qui avait vécu à Java, de ses voyages nocturnes... de son arrivée dans de petits villages en pleine obscurité... des sons lointains de curieux et doux instruments en bois aux rythmes étranges... de danses également... Beaucoup d'années se sont écoulées depuis que mon ami m'a raconté tout cela; mais je ne pourrai jamais oublier la beauté et la vivacité de ses impressions. Elles m'ont hanté; et j'ai dû les exprimer presque inconsciemment en musique.

Il y a d'abord une mélodie rêveuse à l'alto solo, qui plane au-dessus de sombres accords. Puis un deuxième et troisième motifs; et, comme venues de très loin, des réminiscences des motifs du premier mouvement.

Quatrième mouvement: Molto vivo
Le dernier mouvement est probablement la chose la plus allègre que j'aie jamais écrite. La forme est extrêmement simple - un évident ABA, la partie centrale étant un épisode plus lyrique, bâti sur des motifs que les autres mouvements ont traité d'une manière large et passionnée.

Les premiers motifs sont construits sur une échelle pentatonique. Un dernier motif, plus lyrique, semble être la transformation du premier. La partie médiane (Moderato assai) utilise le matériau des troisième et premier mouvements. Un Presto conduit à un Largamente, où un sujet du premier mouvement est triomphalement rappelé. L'alto solo se souvient du motif initial de la méditation. Un court et joyeux Allegro vivace conclut l'oeuvre."
[...]"

La première audition en Suisse fut donnée le 2 février 1928, à Genève:

L'enregistrement de la Suite pour alto et orchestre présenté ici fut diffusé pour la première fois dans l'émission „Le Mercredi Symphonique“ du 8 décembre 1954:

Pour l'oeuvre d'Ernest Bloch il ne s'agissait toutefois pas de sa première audition en Suisse, mais de sa seconde audition.

D'après Joseph Lewinski et Emmanuelle Dijon dans leur ouvrage “Ernest Bloch - Sa vie et sa pensée” publié chez Slatkine, 2e volume, page 202, il s'agit d'une prise de son faite par l'Orchestre de la Suisse Romande sous la direction d'Edmond APPIA trois mois auparavant, le jeudi 2 septembre 1954.

Je n'ai pas pu trouver d'informations concrètes sur le soliste Ludovico Coccon, à part qu'à cette époque on le trouve entre autres mentionné comme faisant partie du „Quartetto di Roma“ (Felix Ayo, violon; Ludovico Coccon, alto; Enzo Altobelli, violoncelle; Pina Pitini, piano).

Voici donc...

Ernest Bloch, Suite pour alto et orchestre (1920), B 13a, Ludovico COCCON, Orchestre de la Suisse Romande, Edmond APPIA, 2 septembre 1954

   1. Lento - Allegro - Moderato       -> 14:54
   2. Allegro ironico                  -> 21:06
   3. Lento                            -> 26:31
   4. Molto vivo                       -> 36:30

C'est grâce à la splendide collection du site archive.org - plus particulièrement de cette page - que nous pouvons écouter ce remarquable document, embarqué ici en iframe:

1. Lento - Allegro - Moderato, 2. Allegro ironico, 3. Lento



4. Molto vivo



Provenance: cette page du site archive.org.