Michail GLINKA
Ouverture de Rouslan et Ludmila
Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire
Ernest ANSERMET
15-19 et 22-25 juin 1953, Maison de la Mutualité, Paris
Pour son second opéra „Rouslan et Ludmilla“, Michail Glinka s'inspira du conte féerique éponyme de Pouchkine, dont l'action se situe au Moyen-Âge. Un court résumé du premier acte:
"[...] Svetosar, prince de Kyïv, célèbre en grande pompe les fiançailles de sa fille Ludmila avec le chevalier Rouslan. Mais la belle est aussi convoitée par Ratmir, un poète et prince oriental, et Farlaf, un prince varègue. Ludmila chante son bonheur, mais aussi sa tristesse de quitter les siens.
Le beau chant nuptial du vieux barde Bayan célèbre les victoires russes et prédit le bonheur des fiancés mais aussi des heures sombres. Effectivement, au milieu de ce somptueux festin, l'orage éclate, et l'assemblée est plongée dans le noir et dans la confusion. Quand la lumière revient, Ludmila a disparu. On apprendra que Tchernobog, le mauvais esprit, l'a enlevée. Svetosar promet alors la moitié de son royaume et la main de sa fille à celui qui la retrouvera. [...]"
Pour la suite de l'action voir par exemple ce fichier PDF du site vava.be.
Dans sa musique, Mikhaïl Glinka s'inspire de ce qu'il y a de plus spécifique dans son pays: les chants et les danses populaires. L'aristocratie et la haute bourgeoisie reprocheront d'ailleurs à l'auteur d'«Une vie pour le tsar» (1836) d'écrire «de la musique de cocher de fiacre». „Rouslan et Ludmilla“, donné en première audition en 1842, n'atteindra pas le grand public comme le souhaitait l'auteur. L'oeuvre se distingue pourtant par son originalité.
Son ouverture exubérante est la pièce la plus connue en dehors de la Russie. Les trois thèmes exploités sont empruntés à la partition. Le premier thème énergique et belliqueux illustre la détermination de Rouslan dans la quête de sa bien-aimée disparue, le deuxième chanté par les violoncelles évoque la tendresse amoureuse de l'héroïne, le troisième, un motif descendant clamé par les trombones, se rapporte aux forces du mal surtout incarnées par le nain Tchernobog. De plus, ces thèmes sont traités comme dans un premier mouvement de symphonie. Ce qui retient le plus l'attention, c'est la frénésie qui s'empare de cette ouverture sans le moindre répit dans le tempo irrésistible imposé par le compositeur:
"[...] Brillante, écrite dans la fièvre des répétitions qui avaient déjà commencé, les pages initiales de cet opéra sont chargées de cette effervescence, de ce sentiment vivace de l'attente que savaient communiquer les ouvertures du XVIIIe siècle. Les principaux éléments du spectacle s'y reflètent: l'amour de Rouslan pour Loudmila [...], la personnalité grotesque du nain Tchernobog. Des traits virtuoses confiés aux cordes à l'unisson font penser à des modèles illustres. La rythmique amusante, la saveur des modulations, l'extrême mobilité de l'orchestre animent, éclairent, assouplissent cette ouverture dont la construction est celle d'une sonate à deux thèmes. C'est bien la musique qui convient à un conte où l'irréel se joint au réel et l'humour à la poésie. [...]" citation extraite d'un texte de Dorel HANDMAN, pianiste et musicologue français, publié au verso de la pochette du disque de Pierre DERVAUX MMS-2198 resp. MMS-2173.
Sergei Prokofjew, Symphonie No 1, Op. 25
Michail Glinka, Ouverture de Rouslan et Ludmila
Alexander Borodin, Dans les Steppes de l'Asie Centrale
Modest Mussorgski, Une Nuit sur le Mont-Chauve
Le tout parut en octobre 1953 sur le disque Decca LXT 2833 puis en janvier 1954 sur le disque Decca LONDON LL 864.
Au début de cette seconde face du disque:
Michail Glinka, Ouverture de Rouslan et Ludmila, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, Ernest Ansermet, 15-19 et 22-25 juin 1953, Maison de la Mutualité, Paris
1 fichier(s) FLAC et 1 fichier PDF dans 1 fichier ZIP
Une dizaine d'années plus tard, Ernest ANSERMET réenregistrera cette ouverture, avec son Orchestre de la Suisse Romande, bien entendu au Victoria-Hall de Genève et en stéréo.