Michail GLINKA
Ouverture de l'opéra „Une vie pour le tsar“
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
9 et 10 février, 22 mars 1961, Victoria Hall, Genève
Quand on considère l'influence considérable qu'a exercé Michail GLINKA sur toute la musique russe qui lui a succédé et l'importance de sa position en tant que fondateur de l'école nationaliste de ce pays, on est surpris d'apprendre que sa production est très modeste. Deux opéras, une poignée de pièces orchestrales, plusieurs dizaines de chansons magnifiques mais malheureusement méconnues et quelques oeuvres de musique de chambre composées à ses débuts: tel est le bilan créatif du précurseur d'une vaste famille de compositeurs.
Né dans une famille aristocratique en 1804, Michail Glinka a acquis une expérience précieuse en dirigeant l'orchestre privé de son oncle pendant son enfance. Un long séjour en Italie pour des raisons de santé lorsqu'il était jeune homme rendit Glinka si nostalgique de son pays natal qu'il revint dans sa patrie avec le désir ardent „d'enrichir notre scène avec une nouvelle oeuvre“, d'écrire un opéra qui soit russe jusqu'au bout des ongles, non seulement dans son sujet, mais aussi dans son langage musical. Son ami Joukovski lui suggéra l'histoire d'Ivan Susanin, un paysan qui, au début du XVIIe siècle, lors des invasions polonaises de la Russie, égara une troupe de soldats ennemis si loin dans les contrées sauvages qu'ils se perdirent et périrent tous de froid et de faim, y compris Susanin - qui donna ainsi sa vie pour le Tsar Mikhail (Michel Ier) nouvellement élu en 1613, le premier de la dynastie Romanov.
Glinka se mit immédiatement au travail et l'opéra „Une vie pour le tsar“fut prêt en 1836. Il fut donné en première représentation en présence du tsar, qui offrit plus tard à Glinka une bague d'une valeur d'environ quatre mille roubles en signe de reconnaissance, et fut favorablement accueilli par le public. Mais l'aristocratie occidentalisée ne fut pas aussi enthousiaste; choquée par l'utilisation de matériaux folkloriques dans une composition qui se voulait une oeuvre d'art, elle la qualifia de “musique de cochers“ (ce à quoi Glinka aurait répondu: „Qu'importe, puisque la plupart d'entre eux sont meilleurs que leurs maîtres“). Mais l'une des grandes pierres angulaires de la musique russe était posée, et un précédent inestimable avait été créé avec l'utilisation de la musique folklorique dans l'opéra, dont l'influence allait se faire sentir non seulement dans les opéras de Mussorgski, Borodin et Rimski-Korsakow, mais aussi dans presque tous les domaines de la musique russe ultérieure.
Les extraits orchestraux joués aujourd'hui en salle de concert sont principalement constitués par l'ouverture et des pièces polonaises du deuxième acte.
Dans des sessions du 9 et 10 février 1961 et du 22 mars suivant, dans le Victoria Hall de Genève, l'Orchestre de la Suisse Romande placé sous la direction de son chef titulaire Ernest ANSERMET enregistra pour Decca une série d'oeuvres de compositeurs russes:
-► Sergei Prokofjew, Symphonie No 1, Op. 25
-► Sergei Prokofjew, Marche et Scherzo de „L'Amour des trois oranges“
-► Michail Glinka, Kamarinskaya
-► Michail Glinka, Ouverture d'„Une vie pour le tsar“ ...
-► Alexander Borodin, „Dans les Steppes de l'Asie Centrale“
Le tout parut en novembre 1961 sur les disques Decca LONDON CM 9291 et CS 6223 (mono resp. stéréo), puis en février 1962 sur les disques Decca LXT 5655 et SXL 2292 (mono resp. stéréo).
La seconde oeuvre de cette face du disque:
Michail Glinka, Ouverture de l'opéra „Une vie pour le tsar“, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 9 et 10 février, 22 mars 1961, Victoria Hall, Genève