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Ernest ANSERMET, Londres, décembre 1963, photographe inconnu
Frank MARTIN, portrait fait par l'agence Fayer de Vienne, date inconnue

Frank MARTIN
Les quatre éléments, Études symphoniques (1963/1964)
Orchestre du Festival de Lucerne
Ernest ANSERMET
25 août 1965
Les „Quatre éléments“ furent composés par Frank MARTIN à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire d'Ernest ANSERMET et dédiés à celui-ci. L'oeuvre n'a pas de „programme narratif“ proprement dit, chaque mouvement développe une forme propre et claire à partir de la juxtaposition de matériaux thématiques. Frank Martin expliqua les motivations sous-tendant la pièce d’une manière clairement destinée à assister l’auditeur au cours de sa première rencontre avec l’oeuvre:

"[...] Ce que j’ai tenté d’exprimer dans cette musique, c’est l’impression que me causait la vue de certains paysages. Pour la Terre, j’avais à l’esprit les amoncellements de rochers nus que j’avais vus aux environs du Cap Nord ou les plaines infinies du centre de l’Islande. Pour l’Eau, j’ai revu, toujours en Islande, les paisibles rivières au bleu indéfinissable, les immenses cataractes et les grands lacs où tout s’apaise. Pour l’Air, je n’ai pensé qu’à la légèreté en elle-même ou, plus rarement, au souffle du vent dans les arbres. Le Feu a été pour moi la vision du brasier rougeoyant et des flammes claires qui s’en échappent. Ce sont donc des visions, telles qu’elles étaient en moi gravées, qui ont orienté et dirigé mes recherches musicales. [...]"

À gauche Ernest Ansermet et Frank Martin, Genève 1962, à côté. Les Quatre Éléments, une représentation allégorique de August Essenwein au Kaiserdom Königslutter (1890)

En guise de courte présentation, le compte-rendu de Franz WALTER publié le lendemain de la première audition à Genève sous la direction d'Ernest Ansermet:

"[...] Deux oeuvres contemporaines et suisses de surcroît — mais oui — formaient le centre du programme de ce premier concert de l'abonnement, Mozart ayant délégué son «Jupiter», et Dukas son «Apprenti sorcier» pour les encadrer solidement. [...]

L'oeuvre que Frank Martin a intitulée «Les quatre éléments», mérite qu'on s'y arrête quelque peu. Elle est dédiée à Ernest Ansermet à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire et l'auteur nous a confié avoir eu sans cesse devant lui la personnalité et la baguette du chef de l'OSR en la composant. C'est dire que dans ces «quatre études symphoniques» — car elles portent ce sous-titre — Frank Martin n'a pas craint d'accumuler les problèmes qui pouvaient exciter la sagacité d'un tel chef. Elles sont en effet d'une écriture souvent très complexe et serrée, enchevêtrée, même, où de multiples éléments paraissent à première vue insaisissables ou pour le moins bien difficiles à coordonner. Je pense, par exemple, au dernier morceau, avec ses rythmes diaboliques et ses sortes de flammèches sonores qui la traversent de part en part.

C'est ainsi que l'oeuvre, dans son ensemble, présente deux aspects caractéristiques. L'un qui est rattaché à l'extérieur, à la matière même des éléments — il s'agit successivement de la Terre, de l'Eau, de l'Air et du Feu — que le compositeur évoque et qui prend parfois ce caractère foisonnant. L'autre, qui pénètre plus profondément dans l'essence des choses et au travers duquel on peut trouver la contemplation personnelle et les réactions intimes de l'auteur. Mais nous sommes assez loin de la contemplation debussyste; celle de Martin apparaît infiniment plus tourmentée et plus subjective aussi.

Il est vrai qu'il s'est inspiré des paysages du Grand Nord et d'Islande, de paysages sauvages et désolés qui peuvent expliquer le caractère tragique que prend souvent le morceau consacré à la Terre. Mais le Feu aussi, malgré certaines violences, est un feu assez sourd et, somme toute très austère, auquel il manque peut-être un certain élément de facilité extérieure, ou simplement de panache, pour arracher au public le succès qu'une telle pièce mériterait.

Pourtant, à y regarder de plus près, on découvre une virtuosité instrumentale étonnante de bout en bout de cette oeuvre, et une maîtrise de la matière orchestrale extraordinaire. En effet, malgré la complexité de l'écriture, il n'y a jamais aucun empâtement, aucune surcharge, aucune épaisseur de trop, mais au contraire la plus subtile interpénétration. Et l'élément expressif qui se superpose ou s'intègre à la matière sonore y trouve toujours son juste relief. Un élément expressif où la présence de Martin se manifeste par certains traits qui sont comme autant de signatures du compositeur: tel contour chromatique caractéristique, telle irisation d'accords parfaits, tel jeu de majeur-mineur.

Malgré cela, c'est une oeuvre qui ne ressemble à aucune autre de Martin; et une fois de plus il a su trouver, avec une absolue sûreté de main, des solutions neuves à des problèmes nouveaux! Faisant fi des effets traditionnels, Martin, après avoir dans la Terre évoqué les grands espaces et les grands amas, a trouvé aussi bien pour l'Eau que pour l'Air des irisations sonores et des reflets harmoniques aussi sensibles qu'originaux. Et c'est par des ovations entièrement méritées que le public fit fête au compositeur présent dans la salle. Ovations qui, dès son entrée, accompagnèrent également Ernest Ansermet qui, infatigable, s'apprête, après ses voyages au Japon et en Grèce, à partir pour Hambourg y préparer des représentations de Boris Godounov. Le chef de l'OSR chargea d'une magnifique vitalité l'oeuvre de Frank Martin qu'il conduit avec sa conviction et sa pénétration coutumières.
[...]" Franz WALTER dans le Journal de Genève du 8 octobre 1964 en page 8.

Voici donc...

Frank Martin, Les quatre éléments, Études symphoniques (1963/1964), Orchestre du Festival de Lucerne, Ernest Ansermet, 25 août 1965

   Applaudissements              -> 00:22
   1. La terre: Molto lento      -> 05:55
   2. L’eau: Allegro moderato    -> 11:07
   3. L’air: Allegretto leggiero -> 15:05
   4. Le feu: Allegro agitato    -> 21:31
   Applaudissements              -> 23:47

C'est grâce à la générosité de la SRG / SSR que nous pouvons - par l'intermédiaire de l'excellent site neo.mx3.ch - écouter ce remarquable document, embarqué ici en iframe:

Frank Martin avec son épouse Maria, Genève 1960


Provenance: Radiodiffusion, neo.mx3.ch.