Sergei PROKOFJEW
Symphonie No 1, dite „Symphonie classique“, Op. 25
Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris
Ernest ANSERMET
15-19 et 22-25 juin 1953, Maison de la Mutualité, Paris
Sergei Prokofjew composa sa première symphonie - dite „Symphonie classique“ - en 1916 - 1917. Il s'agissait déjà de son opus 25, et ses oeuvres antérieures comprenaient notamment un opéra, deux concertos pour piano, un concerto pour violon, la Suite Scythe, deux sonates pour piano et les Visions fugitives. Mais la Symphonie classique est son oeuvre la plus ancienne à avoir occupé dès le début une place sûre dans le répertoire populaire.
Jettant un éclairage intéressant sur la conception de l'oeuvre, Nicolas Nabokov écrivit dans son ouvrage „Old Friends and New Music“ en page 162: „À ma connaissance, la seule pièce que Prokofjew n'ait pas composée au piano est sa célèbre Symphonie classique. Il avait l'habitude de rire de toutes les discussions compliquées entre les critiques sur son style “néoclassique”, dont la Symphonie classique était censée être un exemple frappant. Il m'a dit que les raisons pour lesquelles il avait écrit ce type de symphonie étaient de nature purement pratique; il voulait se prouver à lui-même le degré de contrôle qu'il pouvait exercer sur son ouïe. Il a donc décidé d'écrire une pièce sans l'aide d'aucun instrument, mais pour bien entendre les harmonies et être sûr de ce qu'il faisait, il a adopté un style simplifié, conventionnel, dit classique! Il s'est ainsi limité à l'utilisation d'accords conventionnels“.
«« C'est la seule explication plausible de ce délicieux “monstre”. Car bien qu'elle fut écrite au moment où le néo-classicisme était dans l'air, elle n'est pas un produit de ce mouvement. Il n'y a ici aucune recherche de pureté de style, aucune trace de l'éthique du néo-classicisme proprement dit, seulement un pastiche plein d'esprit, beaucoup plus proche de l'original que n'importe quelle véritable oeuvre néo-classique. Il s'agit d'une oeuvre rare, même parmi les oeuvres de Prokofjew, qui commença comme humoriste et devint un compositeur très sérieux. En effet, bien qu'elle appartienne à sa première période, son humour n'a pas l'acuité de celui de ses autres oeuvres de jeunesse. Il ne s'agit pas, comme on l'a dit, d'une parodie de la symphonie classique, mais d'une imitation gaie et charmante, pleine d'esprit et entièrement dépourvue de malice ou d'ironie.
Pour analyser cette amusante “bagatelle”, il n'est pas nécessaire de préciser davantage que SON PREMIER MOUVEMENT est de forme sonate, avec des tonalités traditionnelles, un premier sujet précipité et un second sujet bondissant (marqué con eleganza), et un retour très ingénieux à la réexposition; que LE MOUVEMENT LENT est de forme ternaire, avec une section médiane contrastée qui interrompt également la répétition de la mélodie principale, et une courte introduction qui se répète à la fin; que LE MENUET ET LE TRIO traditionnels sont remplacés par une gavotte et une musette, qui remplissent une fonction exactement similaire; que LE FINALE est à nouveau en forme de sonate, avec un très bref développement; et que les harmonies, même si elles ne sont pas toujours enchaînées, sont mozartiennes, et que la plupart des mélodies sont construites à partir de passages de la gamme diatonique ou des notes des accords communs. »»
Sergei Prokofjew, Symphonie No 1, Op. 25
Modest Mussorgsky, Une Nuit sur le Mont-Chauve
Alexander Borodin, Dans les Steppes de l'Asie Centrale
Michail Glinka, Ouverture de Rouslan et Ludmila
Le tout parut en octobre 1953 sur le disque Decca LXT 2833 puis en janvier 1954 sur le disque Decca LONDON LL 864.
Publié au recto de ce disque:
Sergei Prokofjew, Symphonie No 1 en ré majeur, dite „Symphonie classique“, Op. 25, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire de Paris, Ernest Ansermet, 15-19 et 22-25 juin 1953, Maison de la Mutualité, Paris