Nikolai RIMSKI-KORSAKOW
„Antar“, Suite symphonique (Symphonie No 2), Op. 9
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
13 mai 1954, Victoria-Hall, Genève
Dédié à César Cui, „Antar“ fut composé entre janvier et août 1868 et donné en première audition en mars de l'année suivante, lors d'un concert de la Société Impériale Russe de Musique. Intitulée à l'origine „Symphonie n° 2, op. 9“, l'oeuvre fut révisée à plusieurs reprises par le compositeur et, en 1903 lors de la publication de la version finale, Rimski-Korsakow la rebaptisa en „Suite symphonique“, estimant qu'elle ne présentait pas suffisamment les caractéristiques requises pour une symphonie, malgré qu'elle soit unifiée par l'utilisation d'un thème principal qui apparaît sous différentes formes dans chaque mouvement.
Le programme sous-jacent de l'oeuvre trouve son origine dans une ancienne légende arabe. Dans le grand désert de Sham se dressent les ruines de l'ancienne ville de Palmyre, au milieu desquelles vit „Antar“, un poète-philosophe qui rejetait la société humaine en raison du mal qu'elle lui fit. Un jour, il aperçut une gazelle et s'apprêta à la poursuivre. L'air fut alors rempli de cris féroces et le soleil obscurci par un immense oiseau, „l'Esprit des Ténèbres“, qui attaqua la créature sans défense. „Antar“ se jetta aussitôt sur le monstre, qui finit par s'envoler, laissant la gazelle s'échapper.
Épuisé par le combat, „Antar“ s'endormit et, dans son sommeil, il fut transporté dans un palais merveilleux, servi par des esclaves dociles et charmé de leurs chants. C'était la demeure de la fée „Gul-Nazar“, reine de Palmyre, qui, sous la forme de la ditte gazelle, avait été sauvée par „Antar“. En récompense, elle lui offrit les trois plus grands plaisirs de la vie; lorsqu'il les accepta, le rêve s'évanouit et il se réveilla dans la ville en ruines. Après avoir goûté aux joies de la vengeance et du pouvoir, „Antar“ retourna à Palmyre, où il reçut le troisième cadeau, celui de l'amour, dont „Gul-Nazar“ elle-même le combla. „Antar“ la supplia alors de lui ôter la vie si jamais elle devait constater que son amour s'était éteint. Lorsqu'après une longue période de grand bonheur „Gul-Nazar“ constata que l'amour d'„Antar“ s'était effectivement refroidi, elle l'embrassa passionnément une dernière fois. Le feu de son amour le raviva, et alors que leurs lèvres s'unissèrent dans un dernier baiser, „Antar“ rencontra la mort dans ses bras.
L'oeuvre s'ouvre sur une lente introduction, suggérant la solitude du vaste désert, puis vient le thème récurrent de toute l'oeuvre représentant „Antar“, joué par les altos. Bientôt apparaît une mélodie à la flûte, soutenue par des arpèges à la harpe, dépeignant la fée „Gul-Nazar“; elle mène à une section plus furieuse lorsque l'oiseau l'attaque. Puis, après de discrets échos des deux thèmes, trois flûtes annoncent la scène du palais, et deux motifs liés sont introduits par la flûte et les violons, tandis que le motif des esclaves et de la fée revient également. Lorsque „Antar“ se réveille, la musique revient à l'atmosphère calme du début.
Le deuxième mouvement - la vengeance et le pouvoir - est martial et vigoureux, avec le thème d'„Antar“ qui ressurgit sous diverses formes.
Dans le troisième mouvement, une marche, l'ouverture vivante suggère la pompe et la splendeur associées à la puissance orientale; puis, en contraste, les cordes introduisent tranquillement une véritable mélodie arabe. Celle-ci est reprise par l'orchestre et utilisée également dans une imitation canonique. Le thème d'„Antar“ est répété avec audace par les cuivres avant que le mouvement n'atteigne sa conclusion flamboyante.
Le finale commence par une reprise de la musique des flûtes qui précédait la scène du palais dans le premier mouvement, mais cette fois, elle mène à une autre mélodie arabe authentique, jouée par le cor anglais et marquée „Andante amoroso“ dans la partition. Le charme oriental séduisant de ce thème exprime bien la joie de l'amour et, avec la devise de la fée, constitue l'axe principal de la musique jusqu'à ce que des allusions au motif d'„Antar“ apparaissent dans les bois. Il y a d'abord un climax passionné, mais la suite s'éteint, „Antar“ mourant dans les bras de „Gul-Nazar“ (traduit du texte publié au verso de la pochette du disque Decca London LL 1060).
Dans des sessions s'étendant du 13 au 26 mai 1954 dans le Victoria Hall de Genève (les premières sessions d'enregistrements en stéréo de Decca), l'Orchestre de la Suisse Romande placé sous la direction d'Ernest ANSERMET enregistra pour Decca 6 oeuvres de compositeurs russes:
-► [a] Nikolai Rimski-Korsakow, Suite symphonique „Antar“
-► [b] Mili Balakirew, „Tamara“
-► [c] Anatoli Ljadow, „Baba Yaga“, Op. 56
-► [d] Anatoli Ljadow, „Kikimora“, Op. 63
-► [e] Anatoli Ljadow, 8 chansons populaires russes pour orchestre, Op. 58
-► [f] Alexander Glasunow, „Stenka Razin“, Op. 13
Les premières publications de ces oeuvres:
-► [b-e] octobre 1954 sur Decca LXT 2966, janvier suivant sur Decca London LL 1068 (en mono); novembre 1959 sur Decca London CS 6167 et octobre 1968 sur Decca STS 15066 (en stéréo)
-► [af] novembre 1954 sur Decca LXT 2982, décembre suivant sur Decca London LL 1060; pas de publication d'Antar en stéréo - exception faite d'une réédition en stéréo factice, produite électroniquement, sur le disque Everest 3302
-► [f] juin 1972 sur Decca Eclipse ECS 641, mars 1975 sur Decca STS 15240
-► [b] mai 1972 sur Decca ECS 642
-► [cd] juin 1974 sur Decca ECS 735
-► [e] octobre 1974 sur Decca ECS 742
La première de ces oeuvres:
Nikolai Rimski-Korsakow, „Antar“, Suite symphonique (Symphonie No 2), Op. 9, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 13 mai 1954, Victoria-Hall, Genève