Albert ROUSSEL
Le Festin de l'Araignée, Op. 17, Fragments symphoniques
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
11 au 14 octobre 1954, Victoria-Hall, Genève
Le Festin de l'Araignée est le premier des trois ballets d'Albert ROUSSEL. Il fut donné en première audition au Théâtre des Arts à Paris sous la direction de Gabriel Grovlez. La chorégraphie est de Leo Staats et les décors et costumes sont l'oeuvre de Maxime Dethomas. Les personnages du ballet sont des insectes fantastiques: des fourmis, des bousiers (qui jouent un rôle important, car un des bousiers libérera une des mantes, qui tuera l'araignée) et un éphémère et - bien entendu - la fameuse araignée.
Au début du ballet, l'araignée, installée dans sa toile, est dérangée par des fourmis géantes qui entrent en scène pour organiser le transport d'un pétale de rose. Peu après, les vers apparaissent, puis un papillon que l'araignée capture avec empressement. Après avoir célébré cette petite victoire par une danse animée, l'araignée assiste à une lutte acharnée entre les insectes. Elle profite habilement de cette situation: les fourmis et les mantes religieuses curieuses, qui se disputent une pomme, sont bientôt surpassées par l'intelligence de l'araignée qui les observe et emprisonnées dans sa toile. Une éphémère fait alors son apparition. Au début, elle est accueillie avec joie, et une danse délicieuse sous la forme d'une valse ironique marque l'apparition de cette créature vivace parmi les insectes. Mais elle aussi tombe victime de l'araignée insatiable. Le décor est maintenant planté pour le banquet de l'araignée, qui s'annonce des plus somptueux, mais, comme nous le savons, dans le monde des insectes comme dans le nôtre, les plans les plus minutieux peuvent échouer. Le papillon, sur le point d'être dévoré par l'araignée, est tué à la place par une mante religieuse, et les autres insectes, qui ont désormais retrouvé leur liberté, préparent solennellement les funérailles de l'éphémère. La morale de ce ballet entomologique semble être que personne ne peut espérer gagner la guerre que la nature nous oblige à mener; et en effet, à la fin, tous les insectes ont été tués ou ont disparu, et le rideau tombe sur la scène du jardin désert.
La partition de Roussel pour ce scénario (écrit par le comte Gilbert de Voisins, d'après les Souvenirs entomologiques d'Henri Fabre), datant de la période des premiers ballets de Diaghilev, fait preuve d'une concision remarquable et comporte de nombreux effets pittoresques. Même si le sujet du ballet n'est qu'une pure fantaisie, Roussel fait déjà preuve dans cette oeuvre relativement précoce d'un sens inné du drame musical qui caractérisera plus tard ses grands ballets sur des sujets classiques, Bacchus et Ariane et Énée.
L'action se situe donc dans un jardin habité par toute une variété d'insectes, dont les acteurs principaux sont des fourmis, un papillon (qui va être la première victime de l'araignée), des mantes religieuses, qui vont se livrer à un combat, des bousiers (qui jouent un rôle important, car un des bousiers libérera une des mantes, qui tuera l'araignée) des vers, un éphémère et - bien entendu - la fameuse araignée.
On assiste donc à l'entrée des divers insectes, à des danses, à l'éclosion de l'éphémère, puis à sa dance, et finalement à sa mort, en tombant épuisée dans la toile d'araignée, avant la fin de sa journée. Mais avant que l'araignée puisse faire banquet, elle va être tuée par une des mantes religieuses. Le ballet se termine par les funérailles de l'éphémère et du papillon, la nuit tombe sur le jardin...
Le ballet est généralement subdivisé en 13 tableaux (dans la version symphonique racourcie - les Fragments Symphoniques proposés ici - manquent les tableaux marqués d'un (*):
1. Prélude
2. Entrée des fourmis
3. (*) Entrée des bousiers
4. Danse du papillon
5. (*) Danse de l'araignée
6. (*) Ronde des fourmis
7. (*) Combat des mantes
8. Eclosion de l'éphémere
9. Danse de l'éphémere
10. (*) Mort de l'éphémere
11. (*) Agonies de l'araignée
12. Funérailles de l'éphémere
13. La nuit tombe sur le jardin solitaire
Une courte description des tableaux de ces Fragments Symphoniques:
Le Prélude, qui présente le jardin, avec l'araignée dans sa toile. On retrouvera le même thème à la fin, quand la nuit tombe sur le jardin.
L'araignée surveille les alentours... Annoncée par les tambours, voici l'entrée des fourmis. Elles découvrent un pétale de rose, font de grands efforts pour le soulever, et arrivent à l'emporter. L'araignée, restée seule, rêve, regarde le paysage, répare sa toile. Entrent les bousiers. Les fourmis entrent à nouveau en scène, se préparent à emporter un nouveau pétale de rose. Survient un papilon qui se met à danser. L'araignée invite le papillon à danser plus près du fond, où se trouve la toile... Le papillon se prend dans la toile, se débat... Mort du papillon.
Joie de l'araignée! L'araignée enlève le papillon de sa toile et le met dans son garde-manger. Suit la Danse de l'araignée. Soudain des fruits tombent avec fracas... Des vers de fruits entrent en scène et commencent à déguster les fruits... Suit l'entrée guérrière de deux mantes religieuses, suivie d'une ronde des fourmis, tandis que les mantes commencent à se disputer...
Les mantes se provoquent en combat singulier. Par mégarde elles se prennent dans la toile de l'araignée... qui bien entendu se met à danser de joie! Entretemps on assiste à l'éclosion de l'éphémère, qui se met ensuite à danser.
Épuisé, l'éphémère s'arrête de danser. Les fourmis, l'araignée, puis les bousiers lui font la cour. Les fourmis sortent de scène, les vers sortent des fruit et dansent avec l'éphémère, bientôt à nouveau épuisé.
Mort de l'éphémère, l'araignée s'apprête à commencer son festin, lorsqu'une des mantes, délivrée entre-temps par un bousier, se glisse vers l'araignée... et lui coupe la tête! Suit l'agonie de l'araignée...
Les funérailles de l'éphémère et du papillon, le cortège funèbre s'éloigne et disparait. La nuit tombe sur le jardin solitaire.
Du 11 au 14 octobre 1954, Ernest ANSERMET enregistra ces deux oeuvres d'Albert ROUSSEL, avec son Orchestre de la Suisse Romande, dans le Victoria-Hall de Genève, aussi bien en monophonie qu'en stéréophonie - Pr: Peter Andry & James Walker Eng: Gil Went (m), Roy Wallace (s). Le tout fut publié en mars 1955 - Decca LXT 5035 - puis en juin suivant - Decca London LL 1179 - en mono.
Ce n'est que beaucoup plus tard, après le décès d'Ernest Ansermet, que les enregistrements furent publiés en stéréo, en juin 1975 sur le disque Eclipse ECS 756, puis repris en juillet 1978 sur le disque STS 15395 - également avec la Petite Suite pour orchestre Op. 39 d'Albert Roussel et en plus le Pacific 231 d'Arthur Honegger. J'en ignore la raison: peut-être qu'Ernest Ansermet n'était pas satisfait de cette stéréophonie du début et n'a donc autorisé que la sortie en monophonie? Ce ne serait pas la première fois qu'il se serait opposé à une publication sur disque, l'enregistrement ne lui convenant pas: un cas de ce genre documenté est celui d'un des enregistrements des Tableaux d'une Exposition de Mussorgski.
Albert Roussel, Le Festin de l'Araignée, Op. 17, Fragments symphoniques, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 11 au 14 octobre 1954, Victoria-Hall, Genève
01. Prélude 03:54 (-> 03:54)
02. Entrée des fourmis 06:54 (-> 10:48)
04. Danse du papillon 04:06:600 (-> 14:54:600)
08. Eclosion de l'éphémere 05:55:400 (-> 20:50)
09. Danse de l'éphémere 03:43 (-> 24:33)
12. Funérailles de l'éphémere 01:52 (-> 26:25)
13. La nuit tombe sur le jardin solitaire 02:45 (-> 29:10)