Carl Maria von WEBER
Concerto pour basson en fa majeur, op. 75, J 127
Henri HELAERTS, basson
Orchestre de la Suisse Romande
Ernest ANSERMET
1er au 3 mars 1968, Victoria Hall, Genève
Carl Maria von Weber composa son unique concerto pour basson en 1811, il nous plonge complètement dans l'atmosphère chaleureuse et évocatrice du romantisme. Weber avait 25 ans lorsqu'il écrivit cette oeuvre; il venait tout juste de retrouver sa propre estime après avoir été impliqué dans les intrigues et les irresponsabilités d'une cour extrêmement dissolue, qui lui avaient valu l'emprisonnement et finalement l'exil. Sa détermination à se consacrer à nouveau à la musique donna lieu à une série de compositions dont la fraîcheur est restée inégalée pendant le reste de sa vie (son décès prématuré, du à la tuberculose et au surmenage, vint hélas déjà quinze ans plus tard). Son exil eut également des effets positifs, car il entreprit alors avec son ami le clarinettiste Heinrich Barmann une tournée en Allemagne et en Suisse qui contribua grandement à sa renommée et à son expérience. L'achèvement de l'opéra „Abu Hassan“, trois concertos pour Barmann et le concerto pour basson, écrit à la demande du premier bassoniste du roi de Bavière, Georg Friedrich Brandt, comptent parmi les oeuvres datant de cette période; il fut composé pour un basson solo, deux flûtes, deux hautbois, deux bassons, deux cors, deux trompettes et cordes.
Le mode d'expression caractéristique de Weber, qui atteignit son apogée dans «Der Freischütz» et qui influença largement l'essor du nationalisme musical au XIXe siècle, est évident dès les premières mesures. Le traitement de l'instrument solo est empreint d'une telle grâce et d'un tel charme que même le professeur d'orchestration le plus endurci hésiterait à qualifier le basson de “clown de l'orchestre“, car le rondo final est délicieusement spirituel, bien loin des pitreries clownesques.
Dans le premier et le plus long des trois mouvements de l'oeuvre, Allegro ma non troppo en forme de sonate, l'orchestre joue le thème principal et une partie du second thème dans la tonalité du premier (avant l'entrée de l'instrument solo avec le thème principal), suivi plus tard par le deuxième thème dans sa propre tonalité, avec une idée inattendue vers la fin, sur une note grave tenue par le basson. Weber se laisse aller à sa prédilection pour les rythmes pointés et les longues cadences décoratives, dont l'exemple le plus marqué est la cadence qui conclut le mouvement.
Le bref Adagio, calme et lyrique dans la tonalité sous-dominante de si bémol, possède une simplicité trompeuse. La mélodie de l'adagio est principalement chantée dans le plus beau registre du basson, celui que l'on pourrait appeler les notes “ténor“. Il en résulte une mélodie émouvante et lyrique, d'une telle douceur qu'elle confère presque des qualités de bel canto à l'instrument. Il y a même une cadence pour le soliste à la fin du mouvement.
Le dernier mouvement prend la forme d'un rondo vif, souvent en accord avec le célèbre caractère comique du basson qui réside dans la coloration de ses timbres graves. Carl Maria von Weber écrivait ici pour un virtuose; rien n'illustre mieux ses exigences que l'agilité requise pour les sauts entre les notes les plus aiguës et les plus graves, et les passages et trilles qui abondent. La mélodie principale est en soi typique de la gaieté capricieuse et brillante dont Weber savait doter cette forme. Avant la fin du mouvement, il y a un épisode purement lyrique dans une ligne mélodique sérieuse qui témoigne de l'humeur changeante du compositeur.
Dans des sessions s'étendant du 1er au 3 mars 1968, à Genève dans le Victoria Hall, l'Orchestre de la Suisse Romande placé sous la direction d'Ernest ANSERMET enregistra pour Decca deux concertos pour trompette et deux pour basson, avec Michel CUVIT et Henri HELAERTS en solistes:
-► Antonio VIVALDI, Concerto pour basson en la mineur, RV 498
-► Carl Maria von WEBER, Concerto pour basson en fa majeur, Op. 75, J 127
-► Johann Nepomuk HUMMEL, Concerto pour trompette en mi mineur
-► Leopold MOZART, Concerto pour trompette en ré
Le tout parut en mars 1969 sur les disques Decca LXT 6375 (mono) et SXL 6375 (stéréo), puis en avril suivant sur le disque Decca LONDON CS 6603 (stéréo).
La seconde oeuvre de cette face du disque:
Carl Maria von Weber, Concerto pour basson en fa majeur, op. 75, J 127, Henri Helaerts, basson, Orchestre de la Suisse Romande, Ernest Ansermet, 1er au 3 mars 1968, Victoria Hall, Genève
1. Allegro ma non troppo 09:06 (-> 09:06)
2. Adagio 04:48 (-> 13:54)
3. Rondo. Allegro 04:54 (-> 18:48)