La Villanelle de Paul Dukas fut composée comme pièce d’examen exigeante pour la classe de cuivres du Conservatoire de Paris. Cette pièce présente de nombreux défis techniques pour les cornistes, notamment pour le jeu sans pistons (utilisant les techniques du cor naturel). Début juin 1906, c'est Gabriel Fauré, nommé directeur du Conservatoire de Paris l’année précédente, qui contacta Paul Dukas au sujet des concours vocaux et instrumentaux annuels dont il voulait renouveler le répertoire en profondeur: Fauré lui demanda d’écrire un morceau de concours et une petite pièce de déchiffrage pour la classe de cor de François Brémond (ref.: Simon-Pierre Perret/Marie-Laure Ragot, Paul Dukas, Paris, 2007, p. 165).
Paul Dukas à son bureau, à Paris. Date d'édition: 1900. Droits: domaine public. Identifiant: ark:/12148/btv1b8417362n. Source: Bibliothèque nationale de France. Notice du catalogue, Notice de recueil, Photo
Gabriel Fauré dut beaucoup insister pour que Paul Dukas termine sa composition à temps... Dans une lettre du 24 juin 1906 que Paul Dukas adressa à son éditeur Jacques Durand, on peut lire: "[...] J’aurais voulu vous voir, d’abord pour vous donner le morceau que j’ai écrit pour le concours de Cor. Il a douze pages mais ne dure que six minutes. Ça avait fini par m’amuser énormément de l’écrire. Je l’ai terminé hier à 1 h. ½ du matin, ayant reçu un télégramme de Fauré qui me disait que Brémont s’arrachait les cheveux! L’accompagnement est bien plus d’orchestre que de piano. Cela demande une petite instrumentation que j’écrirai sûrement quand je verrai plus de loisir [...]" (Ref.: Correspondance de Paul Dukas, publiée par Georges Favre, Paris, 1971, p. 52).
La première audition fut le concours des cuivres (cor, trompette, cornet à pistons et trombone) l’après-midi du 28 juillet 1906 dans la grande salle de l’Opéra-Comique, Dukas faisait partie du jury. Fauré demanda ensuite à ce que la pièce soit inscrite au programme du concert donné à l’occasion de la remise des prix, le 31 juillet (cf. Correspondance de Paul Dukas, publiée par Georges Favre, Paris, 1971, p. 54), où elle fut interprétée par Léon Pétiau, jeune lauréat de dix-huit ans. Le 12 janvier 1907, elle fut entendue pour la première fois à un véritable concert, Salle Érard à Paris, dans le cadre de la saison de la Société nationale de musique. Le corniste était Arthur Delgrange. La Villanelle entra ensuite rapidement au répertoire des cornistes et le Conservatoire en fit à nouveau le morceau de concours en 1913 et 1927.
Paul Dukas à son harmonium, à Eragny. Date d'édition: 1895. Droits: domaine public. Identifiant: ark:/12148/btv1b84173632. Source: Bibliothèque nationale de France. Notice du catalogue, Notice de recueil, Photo
L'orchestration de la Villanelle... Dukas changea d'avis et en rejeta l’idée catégoriquement en 1919: «Quant à l’instrumentation de la Villanelle… non. Je ne désire pas que ce morceau de concours devienne un morceau de concert et le meilleur moyen pour cela est de ne jamais l’orchestrer» (lettre à Robert Brussel du 27 janvier 1919, Paris, Bibliothèque nationale de France, cote N.L.A.26(482)). La version orchestrale n'est donc pas de Dukas: elle fut réalisée dix ans plus tard par Odette Metzegner, une élève du Conservatoire. Elle ne fut certainement pas écrite sans l’accord de Dukas, même s’il semble ne pas y avoir apporté sa contribution, et donnée en première audition aux Concerts du Conservatoire le 3 mars 1929, par Édouard Vuillermoz. Une autre orchestration plus tardive fut réalisée par le corniste russe Vitali M. Bouyanovski. Il en existe également des transcriptions pour violoncelle et piano, piano solo ou piano à quatre mains.
Pour plus de détails sur l'interprétation de l'oeuvre, voir l'excellente préface que Dominik Rahmer a écrit en 2012 pour l'édition parue chez Henle.
Hermann BAUMANN et Maria BERGMANN
Hermann Baumann et Maria Bergmann enregistrèrent cette courte oeuvre le 11 avril 1968, dans le studio 5 (l'actuel studio Hans Rosbaud) de la Südwestfunk à Baden-Baden
Voici donc...
Paul Dukas, Villanelle pour cor et piano, Hermann Baumann, Maria Bergmann, 11 avril 1968, Studio 5 de la Südwestfunk, Baden-Baden (06:06)
Provenance: Radiodiffusion, Archives SWF resp. SWR
