Wolfgang Amadeus MOZART
Quatuor No 4 pour flûte et cordes en la majeur, KV 298
Julius BAKER, flûte, Harry ZARIEF, violon
David MANKOVITZ, alto, Ralph OXMAN, violoncelle
1950
« Le Quatuor en la majeur, KV 298, est une oeuvre de provenance obscure. Einstein voudrait nous faire croire qu'il s'agissait d'une parodie, vraisemblablement dirigée contre Cambini ou Paisiello; le thème du dernier mouvement est tiré de “Chi mi mostra” de Paisiello. Einstein nous assure que l'oeuvre a été composée à Paris en 1778, mais St. Foix est tout aussi convaincu qu'elle a été écrite en 1786. Telle est la nature de la controverse musicologique. Je peux avancer un argument plausible selon lequel le thème du premier mouvement est dérivé de la mélodie traditionnelle irlandaise “The Minstrel Boy”, mais je doute que Mozart en ait été conscient. En fin de compte, c'est l'auditeur qui doit décider lui-même si l'oeuvre est une parodie ou non, si elle fait la satire de Cambini, de Paisiello ou du «Keltischer Volkslied», mais il ne peut en décider que lui-même.
Parodie ou pas, c'est une oeuvre charmante et gracieuse, ainsi qu'une tentative réussie de capturer le style français d'écriture pour instruments à vent. Les trois mouvements respirent l'atmosphère lyrique et tendre d'un salon français de la période Louis XVI. Il est possible que ce que certains auteurs prennent pour une parodie ne soit rien d'autre que l'exubérance juvénile de Mozart à pénétrer l'esprit gaulois.
Le mouvement d'ouverture, Allegro, qu'il ne faut pas prendre trop vite, est un thème et quatre variations; le thème a un caractère folklorique qui rappelle “The Minstrel Boy”, et les variations sont assez directes, chacune étant annoncée par un instrument différent. Le deuxième mouvement, Menuetto, est bref, élégant, et servirait de danse à n'importe quelle cour française. Le dernier mouvement, le Rondo, est une promenade fringante et pleine d'entrain, de caractère très français, ce qui n'a pas échappé au public de l'époque de Mozart. Comme nous l'avons déjà noté, le thème principal est dérivé de l'air de Paisiello, “Chi mi mostra”; comme c'est souvent le cas, l'utilisation par Mozart du thème d'un autre compositeur a largement dépassé l'original dont il est issu.»
En complément, quelques très intéressants détails cité des notes de Nicole SALABERT publiées en 2012 dans le livret du CD Skarbo DSK4126:
"[...] Successivement: Andante (thème et quatre variations) - Minuetto - Rondeau («rondieaux», sic). Il s’agit d’une de ces plaisanteries musicales parodiques dans lesquelles Mozart s’amusait à caricaturer les travers de certains de ses collègues. Le premier mouvement reprend le thème d’un lied du compositeur et éditeur Franz Anton Hoffmeister «An die Natur». Le mouvement initial offre une variation à chaque membre du quatuor et tout s’enchaîne simplement, sans commentaire.
Le Minuetto suivant s’inspire d’une vieille chanson française «Il a des bottes, bottes, Bastien»: Mozart s’y moque du manque d’imagination harmonique de certains de ses contemporains en ne faisant qu’esquisser de timides débuts de modulation.
Un accès de pétulance éclate dans le mouvement final, orthographié plaisamment «Rondieaux - allegretto grazioso, ma non troppo, però non troppo adagio così-così-molto garbo ed espressione»... C’est-à-dire, «Rondo facétieux - gracieusement animé, mais pas trop vite, pas trop lent non plus, du reste... juste comme il faut... avec beaucoup de grâce et d’expression.» Le thème en est emprunté à un air d’un opéra de Paisiello “Le Gare generose”, disant «Chi mi mostra, chi m’addita, dove sta il mio dolce amore ». Cet opéra n’ayant été représenté à Vienne qu’en 1786, il y a tout lieu de croire que ce K.298 fut destiné aux Jacquin, meilleurs amis de Mozart à cette époque, mélomanes avertis aimant particulièrement que le compositeur leur apporte ce genre d’oeuvres lors de leurs soirées musicales.
L’un des plus fins analystes de l’oeuvre morzartienne - Alfred Einstein - souligne: «Il a de façon parodique donné libre cours au mépris et à la fureur que lui inspirait une platitude, mais qui valait aux musiciens latins gloire et fortune. Sa mauvaise humeur visait vraisemblablement Giuseppe Cambini avec qui il avait eu peu auparavant, un petit accrochage.» [...]"
Ce splendide vinyl rouge Chamber Music Society CM-2 est consacré à des oeuvres de Schubert et de Mozart:
➣ Franz Schubert, Quintette en la majeur, D 667, La Truite, Pina Pozzi, piano, Fred Jaquillard, contrebasse, Membres du Quatuor à cordes de Winterthur (Peter Rybar, violon, Heinz Wigand, alto et Antonio Tusa, violoncelle), réédité entre autres sur le disque Musical Masterpiece Society MMS-39
➣ Wolfgang Amadeus Mozart, Quatuor No 1 pour flûte et cordes en ré majeur, KV 285, Julius Baker, flûte, Harry Zarief, violon, David Mankovitz, alto, Ralph Oxman, violoncelle, réédité entre autres sur le disque Musical Masterpiece Society MMS-933
➣ Wolfgang Amadeus Mozart, Quatuor No 4 pour flûte et cordes en la majeur, KV 298, Julius Baker, flûte, Harry Zarief, violon, David Mankovitz, alto, Ralph Oxman, violoncelle
D'après la discographie de Michael GRAY, Julius Baker a enregistré ces deux quatuors en 1950 pour son propre label Oxford, la parution du disque Oxford OR 101 est mentionnée dans le premier supplément du WERM (couvrant la période avril 1950 à mai/juin 1951) en page 808. Ils furent peu après réédités sur ce disque Chamber Music Society CM-2.
Les exemplaires à ma disposition pour les restaurations de disques Concert Hall, Musical Masterpiece Society & sociétés affiliées viennent en majeure partie de l'inépuisable collection de Stefan KRAMER, que je remercie pour sa générosité.
Voici donc...
Wolfgang Amadeus Mozart, Quatuor No 4 pour flûte et cordes en la majeur, KV 298, Julius Baker, flûte, Harry Zarief, violon, David Mankovitz, alto, Ralph Oxman, violoncelle, 1950
1. Andante, Theme and variations, Alla breve 04:56 (-> 04:56)
2. Menuetto 02:11 (-> 07:07)
3. Rondeau: Allegretto grazioso 02:52 (-> 09:59)
1. Andante, Theme and variations, Alla breve 04:56 (-> 04:56)