Sergei RACHMANINOW
Sonate en sol mineur pour piano et violoncelle, op. 19
Zara NELSOVA, violoncelle, Artur BALSAM, piano
4 avril 1955, Studio No 3 de Decca
165 Broadhurst Gardens, West Hampstead, Londres
La Sonate op. 19 en sol mineur pour piano et violoncelle fut composée par Sergei RACHMANINOW pendant l’été 1901 et donnée en première audition à Moscou le 2 décembre suivant, par Anatoli Brandukov, dédicataire de l'oeuvre , et le compositeur au piano.
Le mouvement initial s’ouvre sur un «lento» qui semble ne pas vouloir choisir entre les tonalités mineures d’«ut» (piano) puis de «sol» (violoncelle) lors de l’énoncé de deux larges thèmes de nature nettement mélodique. Le violoncelle devient plus affirmatif et accélère le tempo dans l'allegro moderato» enchaîné. Le clavier reprend l’initiative avec un passage franchement “schumannien” (moderato en ré) et la conserve tout au long de l’imposant développement qu’il anime, relance et domine lors d’un étonnant récitatif appassionato, apogée de ce récit dramatique qui s’achève par une coda au cours de laquelle le violoncelle, voix quasi humaine, tente de rivaliser, si ce n’est de s’opposer, à un piano souverain par sa puissance “orchestrale”.
L'«allegro scherzando» second est de climat franchement onirique, rappelant Schumann par l’humeur, Chopin par sa construction. Le piano semble improviser de futurs Préludes, parcourus d’incertaines chevauchées, que le violoncelle colore et tente de métamorphoser en «Fantasiestücke» plus proches du nocturne que du scherzo virtuose et extraverti. Il prend même la conduite du discours dans le trio en la bémol, sa cantilène s’élevant peu à peu avec vigueur et aisance malgré le flot d’arpèges du clavier.
L'«andante» apparaît comme une pause hors du temps, avec un piano qui ne peut réfréner ses élans passionnés que le violoncelle décante. Le clavier donne ainsi beauté plastique et éclat naturel à une première mélodie en mi bémol oscillant entre majeur et mineur, puis à une seconde en sol mineur.Cette ample méditation devient presque sereine lorsqu’elle passe en fa mineur. Le violoncelle en devient à l’évidence le chantre dans la coda, à la fois lumineuse et virtuose.
Le final, «allegro mosso» en sol majeur, est introduit par le piano qui retrouve la fièvre et l’impétuosité du début de l’allegro initial. Son style se fait nettement concertant, le violoncelle n’est plus qu’un simple accompagnateur même s’il donne sa vérité émotionnelle, sa richesse lyrique à cette brillante démonstration pianistique qui joue sur les contrastes, dramatisant ainsi un matériau thématique finalement réduit. La réexposition rééquilibre le duo piano-cordes animant conjointement la coda qui se présente vraiment comme un résumé de l’ensemble de la sonate. Avec son début piano, elle s’anime peu à peu jusqu’au magistral vivace de la strette conclusive, cadence qui abrège avec panache le thème principal qui a nourri la relance mélodique de toute l’oeuvre.
Zara NELSOVA, violoncelle, et Arthur BALSAM, piano, enregistrèrent cette oeuvre le 4 avril 1955 dans le «Studio No 3» de Decca, 165 Broadhurst Gardens, West Hampstead, Londres - publiée sur les disques Decca LL 1480 (décembre 1956) et LXT 5228 (avril 1957).
Sergei Rachmaninow, Sonate en sol mineur pour piano et violoncelle, op. 19, Zara Nelsova, violoncelle, Artur Balsam, piano, 4 avril 1955
1. Lento - Allegro moderato 10:59 (-> 10:59)