Au cours de sa carrière prolifique, Schumann composa de nombreuses oeuvres à caractère programmatique ou pictural. Citons notamment les „Scènes d'enfants“, Op. 15, „Papillons“, Op. 2, „Carnaval“, op. 9, et les „Scènes de la forêt“, Op. 82, pour ne mentionner que les plus connues. À cette tendance dans son oeuvre pour piano s'ajoute une autre tendance dominante: la composition de pièces de virtuosité pianistique, ou «Concertstücke» comme on les appelait. L'„Allegro de concert avec introduction pour piano et orchestre“, Op. 134, et les „Études symphoniques“ pour piano, Op. 13, en sont caractéristiques.
Le «Faschingsschwank aus Wien», Carnaval de Vienne (littéralement: Facéties de carnaval à Vienne) est un exemple unique d'oeuvre appartenant simultanément aux deux catégories - un exemple brillant de composition picturale et une pièce de virtuosité remarquable.
En 1838, Schumann se rendit à Vienne pour organiser la publication dans cette ville de son journal critique, «la Neue Zeitschrift».
Captivé par les événements colorés et exubérants du carnaval viennois, qui eut lieu pendant son séjour, et afin de traduire ses impressions en musique, il commença la composition d'une suite pour piano. Le «Faschingsschwank aus Wien» en fut le résultat - achevé en 1839 et publié en 1841. Il se distingue de son «Carnaval» précédent, op. 9, par son caractère moins intime mais aussi par sa forme. À la place d'une série de petites parties, le Carnaval de Vienne est composé de cinq grandes parties. Les trois parties Allegro, Scherzino et Finale s'en tiennent à la tonalité principale de si bémol majeur alors que les deux autres (Romance et Intermezzo) sont en sol mineur resp. mi bémol mineur.
L'Allegro d'ouverture comporte cinq sections utilisant des thèmes et des rythmes folkloriques dans une forme de rondo. Ce mouvement capture le tumulte animé du bal masqué traditionnellement associé à cette fête. En accord avec le thème du bal masqué, Schumann glisse dans le mouvement quelques mesures de la „Marseillaise“, le chant révolutionnaire français dont le gouvernement autrichien avait interdit l'exécution dans le pays - la modifiant et la travestissant: il la met à trois temps, en rythme de valse viennoise. C'est sans doute cette allusion masquée et ludique (qui échappa heureusement à l'attention de la censure) qui poussa Schumann à inclure le mot «Faschingsschwank» (Facéties de carnaval) dans le titre.
Les deuxième et quatrième mouvements, Romanze resp. Intermezzo, sont de beaux exemples du pianisme lyrique de Schumann. L'Intermezzo, avec son thème passionné s'élevant au-dessus d'un accompagnement en triolets, est particulièrement beau.
Le Scherzo est du Schumann au sommet de son art virtuose, tout comme le puissant Finale: l'oeuvre se termine par le carnaval battant son plein, au milieu des danses et des réjouissances.
En majeure partie traduit des notes de Maynard SOLOMON - cofondateur du label VANGUARD - publiées au verso de la pochette du disque Vanguard VRS 416.
Le «Faschingsschwank aus Wien», le „Carnaval de Vienne“, Tableaux de fantaisie pour le piano, Op. 26, de Robert SCHUMANN est ici interprété par Jacqueline BLANCARD. Ce disque 10" Vanguard VRS 416 fut publié en 1951, ainsi que mentionné au bas de l'étiquette du disque (MCMLI): je n'ai pas encore pu trouver de date pour l'enregistrement lui-même. Comme le label «Vanguard Recording Society Inc.» (VRSI) fut fondé en 1950 par les frères Maynard et Seymour SOLOMON, l'enregistrement ne peut avoir été fait qu'entre 1950 et 1951. Il semble n'être paru que sur ce disque Vanguard (l'enregistrement est d'ailleurs protégé par un «Copyright VRSI»), avec sur l'autre face les Variations sur un thème de Robert Schumann, op. 9, de Johannes BRAHMS.
1. Allegro - Sehr lebhaft 07:55 (-> 07:55)
2. Romance Ziemlich langsam 02:05 (-> 10:00)
3. Scherzino 02:07 (-> 12:07)
4. Intermezzo - Mit grösster Energie 02:46 (-> 14:53)
5. Finale - Höchst lebhaft 04:28 (-> 19:21)
1. Allegro - Sehr lebhaft 07:55 (-> 07:55)
