Sergei PROKOFJEW commença de composer sa sonate pour violoncelle et piano dans les premiers mois de 1949, alors qu'il avait déjà rencontré par trois fois le jeune violoncelliste Mstislaw ROSTROPOWITSCH afin de mieux connaître les possibilités techniques modernes du violoncelle. Il décida alors de consacrer à cet instrument toute une série de partitions, tout d’abord cette Sonate en ut qu’il termina en moins de cinq mois.
Elle fut donnée en première audition par Mstislaw Rostropowitsch et Svjatoslaw Richter, en privé le 18 décembre 1949, en public dans la Petite Salle du Conservatoire de Moscou le 1er mars 1950. L’oeuvre est dédiée à Levon Atovmian, le musicien qui réduisit pour piano quelques partitions parmi les plus célèbres pour orchestre (il réalisa le même travail pour Schostakowitch, en particulier pour les innombrables musiques de film).
"[...] La partition apparaît hors du temps, tant son classicisme de facture comme son inspiration romantique la rendent à la fois soeur de l’Opus 40 de Schostakowitch, et de la Sonate en la majeur de Beethoven. [...]" (Pierre-Émile BARBIER)
Traduit des notes de Richard REPASS publiées en 1954 au verso de la pochette du disque RCA Victor LM 1792:
«« Malgré la richesse de son invention et ses piques satiriques acérées, cette oeuvre dégage une atmosphère sobre, mélancolique, presque tragique. Composée de trois mouvements, elle s'ouvre sur une mélodie sombre et grave en do majeur, jouée uniquement au violoncelle. Le piano entre en scène et se lance rapidement dans une contre-mélodie. Un deuxième thème, également joué au violoncelle, fait rapidement son apparition et est repris par le piano. Tout au long du mouvement, les deux instruments semblent suivre des chemins séparés, tantôt s'accompagnant, tantôt s'encourageant mutuellement de manière presque antagoniste. Une section plus lente, avec une mélodie simple mais exagérément enjouée au violoncelle, suit. Le deuxième thème, vif, revient sous une forme colorée et piquante, et les deux instruments reprennent leur duel pour conclure le mouvement dans le calme.
Le deuxième mouvement s'ouvre sur une marche plutôt modérée en fa majeur qui offre de nouvelles occasions de virtuosité. Une section centrale contrastée se compose d'une large mélodie legato qui contient une trace du thème principal du Premier concerto pour violon, composé plus de trente ans auparavant. La mélodie de la marche revient et le mouvement se termine doucement.
Le troisième mouvement (Allegro, ma non troppo) contient trois idées centrales, énoncées en do, mi bémol et ré bémol majeur. La première est calme et chantante, mais dans les deux autres, on aperçoit la fureur tartare, l'acier froid scintillant sur les rives gelées de la Neva. Les deux instruments s'engagent dans un éblouissant jeu de rythmes croisés. Une section plus calme s'intercale un instant. Fidèle aux principes de la forme sonate, le mouvement contient une récapitulation complète, avec les thèmes un, deux et trois qui défilent devant l'auditeur, quelque peu modifiés, mais toujours reconnaissables. La coda brillante et impressionnante qui termine l'oeuvre ramène le thème central du premier mouvement dans sa péroraison: le piano et le violoncelle, après quelques escarmouches finales, se réconcilient enfin. »»
Cette oeuvre est ici interprétée par Maurice GENDRON, violoncelle et Jean FRANÇAIX, piano, une prise de son datant de 1953:
Sergei Prokofjew, Sonate pour violoncelle et piano en ut majeur, Op. 119, Maurice Gendron, violoncelle, Jean Françaix, piano, 1953
1. Andante grave 11:03 (-> 11:03)
2. Moderato 04:18 (-> 15:21)
3. Allegro ma non troppo 06:49 (-> 22:10)
1. Andante grave 11:03 (-> 11:03)
