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Arthur HONEGGER
Symphonie no 3, dite „Liturgique“, H 186
Orchestre de Société des Concerts du Conservatoire
Robert DENZLER
15 et 16 juin 1955, Maison de la Mutualité, Paris

Arthur Honegger composa cette symphonie en 1945-1946, sur une commande de la Communauté de travail «Pro Helvetia». Ce fut l'occasion de réaliser une idée qui le hantait depuis longtemps. Dans son livre «Honegger», paru en 1953 aux Éditions Pierre Horay, Marcel DELANNOY écrivit en pages 198-201:

"[...] Voici comment il m’a «raconté» le final de la Symphonie Liturgique [...].

Cela commence par le thème de la «c......e humaine», sorte de marche qui piétine autour des mêmes notes, bégayante, répétant toujours la même chose: guerre, douane, militarisme, nationalisme, paperasserie, transformation progressive de l’homme en esclave d'une Administration aveugle et sourde.

Un second thème esquisse la réaction de défense de l’Homme, mais la c......e submerge tout, jusqu'à ce qu’éclate le cri universel, sorte de «Au secours! au secours!» qui se traduit en latin par... «Dona nobis pacem! dona nobis pacem!» ( sic ). Et puis, le calme revient. On s’évade par le haut: aspiration à la Pureté. Espoir de paix... Sérénité. Tiens! Il y a même encore des oiseaux pour chanter dans les arbres.

... Impression très nette qu’avec un peu de bonne volonté tout cela pourrait si bien s’arranger! ...

Ce chant d’oiseau frère du Rossignol de Jeanne au Bûcher et qui constitue la coda de la troisième symphonie, nous en trouvons déjà le dessin à la fin du premier mouvement «Dies irae», mais ici sous la forme d’une large plainte que la flûte, le cor anglais, le trombone, le tuba exhalent ensemble à leurs étages respectifs. À la fin du second morceau «De profundis clamavi», c’est encore lui que gazouille par petits fragments la flûte planante, oiseau d ’espoir.

Notons que les versets liturgiques servant d’exergue aux trois mouvements de la Troisième Symphonie ne sont pas des données thématiques empruntées au chant grégorien, mais les thèses littérales que l’auteur paraphrase librement: Dies irae, De profundis clamavi, Dona nobis pacem.

Chaque thème est clairement issu du syllabisme latin. Il n’est en aucune manière thème principal, initial. Il vient, il éclate.

Dès les premières mesures, l’auditeur est empoigné par cet orchestre fulgurant, plein de heurts, de tremblements paniques, de rythmes irrésistibles qui se font de plus en plus martelés, lourds, écrasants. Et puis le lyrisme apparaît avec les cordes qui, de toute leur mélodique expansion, chantent au-dessus de la catastrophe.

Dans le De profundis, Honegger trouve un prétexte idéal à ces lentes et irrésistibles progressions dont il a la clef. Le terrible cri monte, retombe et reprend de plus belle, jusqu’à devenir la prière stable du psaume cher à Bach «je prie vers toi», et alors, haut, très haut dans la nue, répond l’oiseau angélique, véritable thème générateur de l'ouvrage, qui finira par avoir raison de la «c......e humaine» au troisième volet du triptyque.

La Symphonie Liturgique, moment pathétique de cette musique contemporaine qui est plus riche en invention qu’en grandeur, est en somme sur le plan des idées, l’aboutissement logique des «Cris du Monde».
[...]"


Arthur HONEGGER avec Marcel DELANNOY, une photo de Pages, date ??, lieu ??

   Au cours d'entretiens bien connus avec Bernard Gavoty, Arthur Honegger s'est exprimé de manière encore plus détaillée quand aux motivations de l'oeuvre. Harry Halbreich cite toutefois encore un autre commentaire, inédit, daté de 1954, retrouvé dans ses papiers:


"[...] «Cette 3e Symphonie est comme la plupart de mes oeuvres symphoniques en forme de triptyque. Elle est en directe réaction contre la mode de la musique dite «objective». Chacune des trois parties veut tenter d’exprimer une idée, une pensée que je ne veux pas qualifier de philosophique - ce serait prétentieux - mais le sentiment personnel de l’auteur. J’ai donc fait appel aux sous-titres liturgiques et intitulé la symphonie «liturgique», espérant ainsi me faire mieux comprendre.

«I. Dies irae: cela ne pose aucun problème, car nous avons tous vécu ces jours de guerre, de révolution, dont ceux qui président à leurs destinées ont gratifié leurs peuples.

«II. De profundis clamavi ad te: tout ce qui reste encore de pur, de clair, de confiant dans l’homme se tend vers cette force que nous sentons au-dessus de nous. Dieu, peut-être, ou ce que chacun porte avec ferveur au plus secret de son âme.

«III. Dona nobis pacem: la montée inéluctable de la stupidité du monde: le nationalisme, le militarisme, la paperasserie, les administrations, les douanes, les impôts, les guerres, tout ce que l’homme a inventé pour persécuter l’homme, l’avilir et le transformer en robot. L’effroyable bêtise qui aboutit à forcer ce cri du désespoir: «Dona nobis pacem.» Et cela se termine par une brève méditation sur ce que la vie pourrait être: le calme, l’amour, la joie... un chant d’oiseau, la nature, la paix.

«Je pensais depuis longtemps à cette symphonie. Lentement les mélodies de l’Adagio naissaient en moi et se soudaient les unes aux autres. J’avais déjà le noyau central, ce De profundis clamavi ad te Domine
[...] qui devait sourdre du fond de l’abîme jusqu’aux cris aigus du désespoir, puis retomber, se calmer, s’éteindre.

«La tornade du premier morceau m’est soudain apparue toute claire, toute bâtie, dans le court trajet de train qui me menait de Bâle à Berne. J’en ai noté le squelette tout entier le soir avant de me coucher.

«Aussi rapidement, mais j’ai oublié quand, j’ai vu se dresser devant moi le Final. Naturellement l'idée de base de cette montée vers le cri de désespoir était déjà bien fixée dans mon esprit. La coda lente aussi, mais j'y ai travaillé longtemps, sauf pour la phrase en fa dièse du violon et du violoncelle solo, que j'ai notée, en pardessus, tout prêt à sortir pour déjeuner, debout, un genou appuyé sur ma chaise.

«C’est la symphonie de moi que je préfère, avec la 4e pour de tout autres raisons. Je crois que c'est à ce moment où j’ai été le plus complètement en possession de mes moyens.»
[...]" Harry HALBREICH, cité des pages 391-392 de son ouvrage «Arthur HON­EG­GER - un musicien dans la cité des hommes», Fayard 1992, EAN: 978­221­302­8378

L'interprétation proposée en écoute sur cette page fut enregistrée par Decca les 15 et 16 juin 1955 dans la Maison de la Mutualité de Paris, Robert DENZLER dirigeant l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire. Le 17 juin fut enregistré le „Chant de Joie“, afin de compléter le verso du disque. Le tout fut publié en février 1956 sur Decca LXT 5118 et sur Decca LONDON LL 1296. La Symphonie liturgique ne fut enregistrée qu'en mono, le „Chant de Joie“ par contre en mono et en stéréo, mais l'enregistrement stéréo ne fut jamais publié (d'après la discographie Decca de Philip STUART).
Pour le moment je ne peux vous proposer cet enregistrement qu'en écoute par l'inter­mé­diaire d'un iframe embarqué du splendide site archive.org, plus exactement de cette page, les oeuvres d'Arthur Honegger ne tom­bant dans le domaine publique qu'en 2026.

Arthur Honegger, Symphonie no 3, dite „Liturgique“, H 186, Orchestre de Société des Concerts du Conservatoire, Robert Denzler, 15 et 16 juin 1955, Maison de la Mutualité, Paris

Arthur Honegger à la fenêtre de son appartement Boulevard de Vichy, Photo Lido
Arthur Honegger à la fenêtre de son appartement Boulevard de Vichy, Photo Lido

1. Dies irae
2. De profundis clamavi
3. Dona nobis pacem

Provenance: Radiodiffusion, cette page du site archive.org

Les fichiers audio peuvent être téléchargés sur la page référenciée ci-dessus - sous „DOWNLOADS OPTIONS“ dans la colonne de droite, aussi bien en FLAC (24BIT FLAC) qu'en MP3 (VBR MP3).