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Arthur HONEGGER
Pacific 2.3.1, Mouvement symphonique No 1, H 53
Orchestre Philharmonique Tchèque
Serge BAUDO
19, 20, 22 et 23 mars 1963 , Rudolfinium, Prague

Arthur Honegger écrivit cette courte oeuvre entre mars et décembre 1923. Dédicacée «À Ernest Ansermet», elle fut donnée en première audition le 8 mai 1924 sous la direction de Serge Koussevitzky à l’Opéra de Paris.

La première audition en Suisse Romande fut donnée le 8 novembre 1924 à Genève, au Victoria Hall, bien entendu par l'Orchestre de la Suisse Romande dirigé par son chef-fondateur Ernest Ansermet (*). Le commentaire publié dans la brochure-programme du concert:

L'oeuvre fut très maltraitée par les critiques de la presse locale, aussi bien à Genève qu'à Lausanne: elle était tout simplement trop moderne dans le contexte de ce concert, avec des oeuvres de Bach, Beethoven et Haydn en première partie, le Pacific ouvrant la seconde partie! Donc une vraie douche froide après la pause, comme l'aimait faire Ernest Ansermet dans ses programmes... Un court extrait de la critique locale - amusant bien que destructif: "[...] Le Pacific est une locomotive. M. Honegger assure qu'il aime les «locomotives comme d'autres les femmes». Pour ma part, je n'oserais jamais faire le portrait d'une femme que j'aime, comme M. Honegger le fait de ses chères locomotives. Je craindrais d'être griffé; et je ne serais pas surpris que quelque Pacific outragé ne vengât ses congénères, un jour, en lui marchant durement sur les orteils. Les locomotives ont des pieds ronds, énormes et lourds. [...]" Gazette de Lausanne du 14 novembre 1924 en page 1, chronique signée „Ob. K.“

Pacific était suivi d'un Hyme à la Naissance de Caplet, des deux Mélodies hébraïques de Ravel et de la Péri de Paul Dukas. Certes aussi des oeuvres contemporaines, mais bien moins “révolutionaires” que Pacific 2.3.1!

[*] Pacific aurait dû être donné en première audition à Genève pendant la saison 1923-1924 - le 12 janvier 1924, 7e concert d'abonnement - mais "[...] les circonstances en ont empêché l'exé­cu­tion [...]" (je n'ai pas pu trouver plus de précisions, de quelles circonstances il s'agit). C'est pourquoi la première suisse eut lieu en fait à Zurich - le 14 octobre 1924, donc un peu moins d'un mois avant la “première” du 8 novembre 1924 à Genève - avec l'Orchestre de la Tonhalle dans un concert organisé par la section suisse de la Société Internationale de Musique Contemporaine. À Zurich, l'oeuvre fut mieux appréciée qu'à Genève, le cadre du concert dans lequel elle était jouée étant tout autre, uniquement de la musique contemporaine: "[...] Honegger qui dans son morceau, le Pacific, a voulu nous donner la sensation musicale de la beauté de l'oeuvre de la locomotive: on n'entend pas seulement souffler et haleter la machine: on la sent vivre d'une vie supérieure qui est celle de la force domptée et de l'allégresse au travail. Il y a là quelque chose de très particulier et de très prenant qui a enchanté des techniciens amis de la musique et qui a produit grand effet sur de simples profanes. Cet art qui fuit les cantilènes et les répétitions est de notre âge. On va maintenant à l'expressif, à l'essentiel et l'on se plaît aux programmes courts, peu indigestes et pourtant substantiels. Cest un progrès dont il faut se féliciter. [...]" Gazette de Lausanne du 24 octobre 1924 en page 2, „Chronique Zurichoise - Débuts de saison: Concerts et soirées littéraires“ signée „A.G.“

Arthur HONEGGER en 1929 à Boston, devant la locomotive Knickerboker
Arthur HONEGGER en 1929 à Boston, devant la locomotive Knickerboker

Plus de précisions, citées de ce qu'écrivit Harry HALBREICH près de 70 ans plus tard, en 1992:

"[...] la pièce n’est pas uniquement le fruit d’un projet abstrait: le Prélude qui subsiste de la musique pour le film La Roue, d’Abel Gance (H.44, novembre ou décembre 1922), contient très nettement les ébauches de certains éléments de Pacific 2.3.1 (ceux des mesures 109 et 118 notamment, et qui y portent des mentions telles que «locomotive» et «rail»). La Roue a donc été le germe générateur ayant donné naissance à Pacific 2.3.1, dont la construction savante et rigoureuse, qui a coûté à Honegger de longs mois de travail acharné, a été décrite par lui comme suit :

«J’ai poursuivi dans Pacific une idée très abstraite et tout idéale, en donnant le sentiment d’une accélération mathématique du rythme, tandis que le mouvement lui-même se ralentit. Musicalement, j’ai composé une sorte de grand choral varié, sillonné de contrepoints alla breve dans la première partie, ce qui donne une impression de Jean-Sébastien Bach.»

Le sous-titre de «mouvement symphonique» est ici doublement justifié: il s’agit bien d’un «mouvement», au sens d’un morceau de symphonie ou de sonate, mais aussi d’une étude cinétique basée sur la dialectique entre agogique et tempo, tous deux variables. D’une manière très différente, Rugby illustrera à son tour les deux sens du mot «mouvement».

L’oeuvre exige en fait une quadruple analyse simultanée :

1. Celle des structures rythmiques et des tempos. On distingue, parmi les huit grandes sections dont la pièce se compose, des zones instables (sections 2,4,8) et des zones stables (sections 3,5,6,7), l’introduction lente (section 1) étant à part. Les zones instables, celles où prennent place les mutations de valeurs, sont un exemple aussi précoce qu’accompli du principe de la modulation métrique, chère à Elliott Carter et entrevue par Charles Ives.

2. Celle du devenir et des métamorphoses de ce que le compositeur appelle un choral, et qui est en fait un grand cantus firmus, solidement ancré dans la tonalité d’ut dièse (l’une des préférées d’Honegger), et comportant sous sa forme complète non moins de 41 rondes. Il apparaît au total six fois, les seules complètes étant la première (mes. 27, section 3) et la cinquième, triomphale, mais un demi-ton plus bas, en ut mineur (mes. 169, section 7).

3. L’analyse «normale» (thèmes, tonalités, forme), tenant compte des cinq thèmes principaux, se rattachant presque tous à ce cantus firmus dont ils sont comme des surgeons, et ce par la présence de deux éléments essentiels: α (principe de l’agrandissement d’intervalles) et le dessin mélodique β L’exposition successive des thèmes s’étend de la mesure 39 (milieu de la section 3) à la mesure 131 (milieu de la section 6), leur développement sur les mesures 132-217 (fin de la pièce): comme dans les formes sonate des dernières symphonies, il n’y a donc pas de réexposition autonome.

4. Le côté «figuratif», illustratif, lequel existe bel et bien, malgré les dénégations ultérieures d’un Honegger affolé d’avoir déclenché tant de commentaires de type anecdotique occultant tous les aspects essentiels de son oeuvre. De fait, Pacific 2.3.1 se distingue de toutes les pièces «mécanistes», qui proliférèrent à l’époque, et qui sont tombées dans un juste oubli, par ses qualités proprement expressives de chefd’oeuvre de musique pure. Certes, son «prétexte» est sorti de l’actualité. Mais, même pour les enfants de l’an 2000, la locomotive à vapeur n’a-t-elle pas rejoint le dragon des contes de fées du monde entier au niveau d’un archétype devenu bien commun de l’inconscient collectif?
[...]" cité de l'ouvrage de Harry HALBREICH „Arthur Honegger - Un musicien dans la cité des hommes“, Fayard 1992, pages 429-430.

L'interprétation proposée en écoute sur cette page - par l'Orchestre Philharmonique Tchèque sous la direction de Serge BAUDO - fut publiée en 1963 sur le disque Supraphon SUA ST 50516, qui rassemble plusieurs oeuvres d'Arthur Honegger, enregistrées les 19,20, 22 et 23 mars 1963:

Pour le moment je ne peux vous proposer cet enregistrement qu'en écoute par l'inter­mé­diaire d'un iframe embarqué du splendide site archive.org, plus exactement de cette page, les oeuvres d'Arthur Honegger ne tom­bant dans le domaine publique qu'en 2026.

Arthur Honegger, Pacific 2.3.1, Mouvement symphonique No 1, H 53, Orchestre Philharmonique Tchèque, Serge Baudo, 19, 20, 22 et 23 mars 1963, Rudolfinium, Prague:

Recto 2 de la pochette du disque Supraphon SUA ST 50516

Provenance: Radiodiffusion, cette page du site archive.org

Le fichier audio peut être téléchargé sur la page référenciée ci-dessus, sous „DOWNLOADS OPTIONS“ dans la colonne de droite, aussi bien en FLAC (24BIT FLAC) qu'en MP3 (VBR MP3).