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Hector BERLIOZ
„Grande Ouverture des Francs-Juges“, H 23D
Orchestre Philharmonia
Paul KLETZKI
6 septembre 1951, „Kingsway Hall“, Londres

Une partie importante du catalogue des oeuvres d'Hector Berlioz est consacrée au genre de l’ouverture de concert inspirée par des thèmes littéraires. En celà Berlioz hérite de Beethoven et annonce les futurs poèmes symphoniques de Liszt. Mais le compositeur n’a pas voulu céder à la tentation d’un pittoresque trop prosaïque, et il a toujours contenu son inspiration dans une structure formelle qui marie l ’influence de Beethoven avec celle des auteurs français du début du XIXe siècle.

Il composa en tout neuf oeuvres dans ce genre, pouvant donc être jouées en salle de concert. Seules celles de „Benvenuto Cellini“ et de „Béatrice et Bénédict“ introduisent les opéras eux-mêmes. Le prélude bref et lent des „Troyens à Carthage“ est en fait une idée tardive, composée après que la plus grande oeuvre de Berlioz eut été scindée en deux parties, dont seule la seconde fut mise en scène de son vivant. Le „Carnaval Romain“ développe le matériau thématique de la scène du carnaval de l'acte II de „Benvenuto Cellini“. „Les Francs-Juges“ était également prévu comme ouverture d'un opéra, mais qui n'a jamais été achevé. Enfin, les quatre autres ouvertures furent conçues dès le départ comme des pièces de concert autonomes, à l'instar du Coriolan de Beethoven ou des nombreuses ouvertures de Mendelssohn.

Dans leur structure formelle, les trois premières ouvertures („Waverley“, „Les Francs-Juges“, „Le Roi Lear“) restent fidèles au modèle classique avec un Allegro en forme de sonate précédé d'une longue introduction lente. La tentative plutôt infructueuse de „Rob Roy“ (retirée par le compositeur, mais publiée à titre posthume) intercalait un épisode lent au milieu de l'Allegro. Mais dans ses grandes ouvertures de maturité („Benvenuto Cellini“, „Carnaval Romain“, „Le Corsaire“, „Béatrice et Bénédict“), Berlioz utilise une structure très originale et efficace: une ouverture très courte, rapide et brillante capte immédiatement l'attention de l'auditeur, annonçant l'Allegro principal, qui est toutefois précédé d'une introduction lente. Ces ouvertures sont toutes différentes, la forme sonate ne doit jamais être comprise au sens orthodoxe, et dans certains cas, le matériau de l'introduction lente est combiné de manière polyphonique avec l'Allegro principal, pour aboutir à un climax impressionnant. Au total, ces neuf ouvertures, écrites entre 1826 et 1863 (le prélude aux „Troyens à Carthage“ fut la dernière musique composée par Berlioz), nous donnent une perspective complète de son évolution créative.

L’ouverture des „Francs-Juges“ est l'une des rares traces qu’il nous reste du premier projet d’opéra de Berlioz, qui fut la grande entreprise de sa jeunesse. Il travailla pendant de nombreuses années à ce drame médiéval sombre, empreint d'horreur et de mystère, sur un livret de son ami Humbert Ferrand. Inspirée par «Der Freischütz» de Weber, l’histoire est une de pouvoir,de passion et de fratricide. Le méchant Olmérik tue son frère de sang-froid de manière à occuper le trône royal.L’héritier légitime, Lénor, revendique son trône et sa bien-aimée, Amélie, qui est fiancée contre sa volonté à Olmérik. Outragés par les crimes du roi pervers, les citoyens (sous le commandement de Lénor) se révoltent contre lui, prennent le château d’assaut, forçant Olmérik à se suicider, et rétablissant ainsi la couronne et la princesse au noble Lénor.

Berlioz ne termina toutefois jamais cette première tentative d'opéra, dont peu été conservé: l’Ouverture, cinq autres pièces et le livret. Dans la puissante et dramatique ouverture, dans la tonalité principale de fa mineur, le génie personnel de Berlioz s'affirme pour la toute première fois - même si la composition proprement dite est probablement antérieure à celle de l'ouverture beaucoup moins originale de „Waverley“ (publiée sous le numéro op. 1b). Les opinions divergent quant à la date exacte de sa composition, qui pourrait être 1828, mais peut-être même 1826, alors que Berlioz n'avait que 22 ans et que Beethoven était encore en vie, mais que Berlioz ne connaissait probablement peu.

Cette toile dramatique n'est pas sans rappeler celle de Fidelio! Cela se reflète fidèlement dans les différentes phases de l'ouverture, qui n'est pas moins programmatique que la Leonore de Beethoven. La partition fait appel à une palette exceptionnellement riche d'instruments à vent: quatre cors, deux trompettes, un cornet, trois trombones et deux ophicléides (aujourd'hui remplacés par des tubas). Ces sons caverneux et cataclysmiques qui fascinaient tant le jeune compositeur produisent en effet ces “effets ninives et babyloniens“ (selon les propres mots de Berlioz!) qui impressionnaient et terrifiaient le public de l'époque.

Dans la lente introduction, on entend d'abord le motif tendre et triste de l'exil du prince Lénor, puis la „puissance terrifiante“ des juges implacables (le célèbre unisson des cuivres qui devient un véritable leitmotiv de pure couleur tonale, une idée très novatrice), et enfin les doux échos de la féminité gracieuse d'Amélie (solo de hautbois).

L'Allegro assai se précipite dans son thème principal, exprimant la rage et la frustration de la victime, mais celui-ci est rapidement contrasté par une mélodie apaisante d'espoir et de délivrance (une belle mélodie que Berlioz avait écrite à l'âge de 15 ans). Celle-ci gagne progressivement en puissance et finit par écraser tout le mal, pour couronner l'oeuvre dans un climax de triomphe flamboyant. Le compositeur manie la forme sonate avec beaucoup de liberté, l'exposition courte étant suivie d'un développement prolongé, tandis que la récapitulation, totalement variée, est encore plus ample.

Dans l'interprétation qui en est proposée sur cette page, Paul KLETZKI dirige l'Orchestre Philharmonia, une prise de son faite par l'équipe du label Columbia le 6 septembre 1951 dans le „Kingsway Hall“ de Londres.

        Adagio sostenuto - Allegro assai          12:22

Provenance: Columbia Entré RL 3071

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Adagio sostenuto - Allegro assai