"[...] En 1717 Johann Sebastian BACH quitta Weimar pour aller s’installer à Coethen. Ce fut pour lui le début d'une période qu'il qualifia lui-même plus tard d’une des plus heureuses de sa vie. De neuf ans plus jeune que Bach, le prince Léopold d’Anhalt-Coethen s’adonnait à la musique avec ferveur. Il ne se contenta pas de mettre à la disposition du nouveau maître de chapelle de la cour un des meilleurs orchestres qui existaient alors mais favorisa également, semble-t-il, toutes sortes d’occasion susceptibles de permettre à Bach de déployer son initiative et son zèle en matière musicale.
Si la musique religieuse avait eu la place d’honneur à Weimar, ville protestante, on ne pratiquait à Coethen, cité de confession calviniste, que la [...] musique de chambre, genre dans lequel on englobait également à cette époque concertos et suites orchestrales. Bach a non seulement dédié des compositions à ces genres, mais encore écrit diverses oeuvres pour toutes les autres formes de musique de chambre alors en vigueur; c’est ainsi que naquirent les compositions destinées au violon ou au violoncelle seul, les sonates en duo avec clavecin obligé, les sonates en trio, les oeuvres de musique pour luth ou pour clavier les plus variées.
La diversité des distributions instrumentales en partie inédites trouve son correspondant dans la diversité des formes, au sein desquelles Bach ne cesse de découvrir des solutions toujours individuelles; on remarque également dans plusieurs ouvrages les résultats de son étude approfondie de la musique des maîtres italiens et français; dans ce domaine il fut tout particulièrement influencé par le langage musical d’Antonio Vivaldi, sensible dans le cachet mélodique spécifiquement “italien“ de nombreux thèmes d’Allegro [...]. La mise à l’essai de nouvelles possibilités de distribution revêt parfois un caractère expérimental, Bach ne s’étant pas privé de remanier à plusieurs reprises une même oeuvre pour toutes sortes d’autres instruments ou combinaisons instrumentales. Selon toute vraisemblance on est autorisé à dire de la Partita pour flûte seule en la mineur qu’il ne s’agit pas d’une composition originale, mais d’une oeuvre initialement destinée à un instrument à cordes ou peut-être même à touches.
La partita pour flûte seule se situe en rapport étroit avec les compositions respectivement écrites pour violon et violoncelle seul (BWV 1001—1006, 1007—1012). Elle ne nous a été transmise que dans une unique source, à savoir une copie des sonates et partitas pour violon seul, où elle se trouve consignée à la suite de ce cycle. Il existe des rapprochements motiviques entre l’Allemande et l’Allegro de la Sonate BWV 1003, entre la Corrente et le mouvement correspondant de la Suite 1007 ainsi qu’entre le dernier mouvement et la Bourrée II de la Suite BWV 1009. La limitation aux mouvements formant la charpente traditionnelle de la suite se rencontre tout aussi rarement chez Bach que la fonction de mouvement final attribuée à la Bourrée remplaçant ici la Gigue qui conclue normalement cette forme musicale; autant d’indices du caractère d’oeuvre secondaire revenant à cette sonate dans la production de Bach. [...]" cité des notes de Hans-Günter KLEIN, dans une traduction de Jacques FOURNIER, publiées dans cet album Archiv Produktion 2533 369:
Johann Sebastian BACH, Partita en la mineur pour flûte seule, BWV 1013, Aurèle NICOLET, 28 et 29 novembre 1969, «Michaelsheim», Berlin Grunewald