Johann Sebastian BACH
Sonate en si mineur pour flûte traversière
et clavecin obligato, BWV 1030
Aurèle NICOLET, flûte, Karl RICHTER, clavecin
12 au 15 juin 1963
Cette Sonate en si mineur, BWV 1030, est l'une des plus remarquable contributions de Johann Sebastian Bach au répertoire de la flûte traversière.
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Bach a écrit des compositions pour tous les genres de musique de chambre, et, en outre, il a pour ainsi dire “canonisé“ des possibilités nouvelles dans le cas de certains types de distribution; il y avait déjà eu quelques sonates écrites pour violon solo sans basse, mais Bach fut le premier à imposer cette distribution par l’ampleur et la teneur artistique de ses propres compositions. Cela s’applique également aux Suites pour violoncelle seul et aux Sonates en duo pour un instrument mélodique et clavecin obligé.
Bien que dans le domaine de la composition de sonates on connaisse certaines oeuvres en duo avec clavecin obligé antérieures à la période d’activité de Bach, ce type d’écriture n’en restait pas moins inhabituel à son époque. Ce fut sans doute l’intérêt que Bach portait lui-même au clavecin qui l’incita à choisir cette distribution; de plus, il ne voulait pas se contenter de jouer, dans les concerts de sonates, le rôle subalterne imparti à l’exécutant du continuo. Dans les Six Sonates pour violon, les trois pour viole de gambe et les deux pour flûte, Bach a imposé le principe du duo avec clavecin obligé, qui s’est maintenu jusqu’à nos jours. Bach a obtenu le caractère obligé du clavecin en ne lui confiant pas seulement le continuo, comme on le faisait d’ordinaire, mais en lui accordant également une voix mélodique autonome; cette technique trouve son point de départ dans la sonate baroque en trio, pour deux instruments mélodiques et basse continue.
L’exemple de la Sonate pour flûte en si mineur (BWV 1030) montre que Bach n’a pas transféré schématiquement à la sonate en duo le principe de la sonate en trio. On relève dans la structure du premier mouvement des irrégularités frappantes des éléments de caractère tant “arioso“ et concertant que monodique et dialogique s’y trouvent en effet comme juxtaposés, et l’accompagnement alterne entre la fonction de basse continue et celle d’instrument obligé. Cette configuration hétérogène est un indice qui tend à prouver que la forme sous laquelle la Sonate se présente aujourd’hui n’est pas celle qu’elle revêtait à l’origine. D’autres considérations tenant compte de l’ambitus des parties et de l’état des sources viennent confirmer que l’autographe date des années 1730; il existe en outre une version antérieure, en sol mineur. Elle aurait pour forme celle d’une sonate en trio pour deux flûtes et basse continue, constituant peut-être elle-même un remaniement d’un mouvement de concerto pour flûte solo et instruments à cordes. Cette forme première est impossible à reconstituer.
Les multiples processus de remaniement expliquent de manière convaincante les nombreuses singularités stylistiques et techniques du premier mouvement. C’est ainsi que l’on pourrait faire découler de la morphologie initiale la structure de concerto de ce mouvement offrant trois tutti (mesures 1 à 20, 32 à 58 et 79 à 119), bien qu’il existe également des mouvements de sonates en duo présentant dans leur forme originelle une construction concertante. L’origine du Largo - un solo de flûte dans le style d’un air lent - est lui aussi plus aisément explicable à partir d’un concerto que d’une sonate en trio. Le diptyque final - une fugue Presto à trois voix et une Gigue à 12/16 avec un duo en imitation aux voix supérieures - aurait été composé à l’origine pour la version en trio puis reporté, sans modifications essentielles, dans la dernière version. Cette Sonate se présente donc à maints égards comme une oeuvre extrêmement complexe, qui n’a pas d’équivalent parmi les autres sonates de Bach.
[...]" cité de notes de Hans-Günter KLEIN, dans une traduction de Jacques FOURNIER, publiées dans divers albums de disques.
Johann Sebastian BACH, Sonate en si mineur pour flûte traversière et clavecin obligato, BWV 1030, Aurèle NICOLET, violon, Karl Richter, clavecin, 12 au 15 juin 1963
1. Andante 08:23 (-> 08:23)
2. Largo e dolce 04:28 (-> 12:51)
3. Presto 06:00 (-> 18:51)