Johann Christian BACH
Symphonie pour deux orchestres en mi bémol majeur
„Grande Ouverture“, Op.18 No 1, W.C 26
Orchestre de la Suisse Romande
Paul SACHER
22 février 1956, Victoria Hall, Genève
Le 22 février 1956, pour son dixième concert de l'abonnement de la saison 1955-1956 donné dans le Victoria Hall de Genève (resp. le lundi précédent dans le Théâtre de Beaulieu à Lausanne), l'Orchestre de la Suisse Romande était placé sous la direction de Paul SACHER:
Ce concert fut présenté par William RIME dans la revue Radio Je vois tout du 16 février 1956 en page 37:
"[...] Le chef qui conduira ce soir l'O.S.R. a fait une ascension rapide dans la carrière musicale et a très vite conquis une place enviable au premier rang des musiciens suisses. Hardi dans ses entreprises tout autant que minutieux dans ses réalisations, Paul Sacher a fourni un travail de véritable pionnier en qualité de défenseur de la musique contemporaine et des compositeurs suisses en particulier. Sachant faire son choix parmi les ouvrages qui lui furent proposés, il observa un rare éclectisme, en homme de goût et en musicien averti. Rompu à l'exécution du répertoire dévolu aux orchestres de chambre, Paul Sacher nous propose ce soir un programme qui lui permet de mettre en valeur à la fois ses qualités de chef “intime“ et de chef amoureux des sonorités contemporaines.
C'est ainsi que nous entendrons tout d'abord la Symphonie en mi bémol majeur, pour deux orchestres, de Jean-Chrétien Bach. De vingt et un ans plus jeune que Charles-Philippe-Emmanuel, Jean-Chrétien mourut six ans avant son frère aîné. Dès les premières mesures de l'ouvrage que nous entendrons, on notera l'orientation particulière de son langage musical; l'influence italienne qui transparaît dans la forme de son écriture est encore accentuée par l'ambiance qu'il trouva auprès des prêtres catholiques, religion qu'il avait embrassée à la suite de son séjour à Bologne. Après avoir été organiste à la Cathédrale de Milan, il gagna l'Angleterre, où la reine Charlotte l'accueillit et se l'attacha comme maître de musique. C'est à Londres qu'il connut Mozart. [...]"
Cité du compte-rendu signé „J.P.“ publié en page 7 de la Tribune de Lausanne du 2 mars 1956:
"[...] Il faut savoir gré à Paul Sacher de sortir des chemins battus et de ne pas présenter au public l'un de ces programmes universellement reconnus qui sont souvent le pain quotidien des concerts d'orchestre. La Symphonie en mi bémol, opus 18 No 1 de J.Ch. Bach est peu jouée. Deux oeuvres contemporaines enfin formaient la seconde partie du programme, dont l'une, Les «Rituals Dances» de Michael Tippet était donnée en première audition.
La Symphonie en mi-bémol de J.Ch. Bach ne manque ni d'éclat, ni d'équilibre. Si l'harmonie paraît ici un peu conventionnelle, il convient de se replacer dans l'esprit de l'époque: on réalise alors combien le langage aisé et direct de Jean-Chrétien a préparé le style de Mozart en se détournant de l'oeuvre de son père. Il est curieux de constater d'autre part que Mozart a redécouvert (plus tard) la musique de Jean-Sébastien et que des oeuvres telles que la Messe en ut mineur, le Requiem ou la Fugue de la Symphonie Jupiter seraient impensables si l'auteur de Don Juan n'avait appris à connaître et à admirer le clavecin bien tempéré et certaines pages d'orgue du maître de Leipzig.
Paul Sacher a dirigé la Symphonie de J.-Ch. Bach avec une précision exemplaire et avec la plus vive intelligence des nuances et du phrasé: le chef d'orchestre bâlois réalise à la fois, et avec un instinct assez rare, la finesse des détails et l'équilibre de l'ensemble. [...]"
Johann Christian Bach, Symphonie pour deux orchestres en mi bémol majeur, „Grande Ouverture“, Op.18 No 1, W.C 26, Orchestre de la Suisse Romande, Paul Sacher, 22 février 1956, Victoria Hall, Genève