Antonín Dvořák composa sa Sonatine en sol majeur, Opus 100, à New York, au cours des deux dernières semaines de novembre 1893, l’achevant le 3 décembre, soit quinze jours avant la première de sa symphonie «Du Nouveau Monde». Il la composa pour ses propres enfants, Ottilie et Antonín, qui apprenaient le violon respectivement le piano.
L'oeuvre est caractéristique de cette période au cours de laquelle le compositeur laissa libre cours à sa nostalgie en fréquentant ses amis tchèques à Spillwille dans l’Iowa, tout en s’inspirant d’influences nouvelles, issues du poême Hiawatha de Longfellow ou des spirituals qu’il entendit à cette époque. Si la sonatine n’impose pas de grandes difficultés à ses interprétes, son inspiration se révèle d'une constante fraicheur, de spontanéité et densité de langage.
Le diminutif du terme “sonate” "[...] se justifie par l’esprit de l’oeuvre, par sa fraîcheur et son absence de complexité, plus que par ses dimensions: quatre mouvements concis, certes, mais sans être exagérément lapidaires. [...] L’Ancien et le Nouveau Monde se côtoient dans ces pages charmantes où le pentatonisme de nombreux thèmes fait figure de dénominateur commun entre le folklore américano-irlandais et celui d’Europe Centrale, et la «signature» mélodique et rythmique de Dvořák est omniprésente.
La touche d’exotisme américain se révèle dans le „Larghetto“, auquel l’éditeur Simrock donna le sous-titre de „Canzonetta indienne“, mais que Dvořák avait primitivement intitulé „Légende“. D’après des proches du compositeur, l’idée lui en serait venue à la suite d’une excursion aux chutes de Minnehaha, nom qui est aussi celui d’une héroine d’un poème de Longfellow (Chant de Hiawatha). La profonde mélancolie de la mélodie du début, et la joie naïve et cristalline de l’épisode central résument tout le climat de la Sonatine , partagée entre une tristesse et une allégresse également intenses. Ses enfants dédicataires de l’oeuvre pouvaient-ils faire oublier à Dvořák les trois qu’il avait perdus coup sur coup une quinzaine d’années auparavant? [...]" cité des notes d'André Lischke publiées en 1985 dans le livret du CD EMI CDC 7 472992
Antonín Dvořák est parvenu à faire de son centième opus une oeuvre personnelle et à part, lui qui disait de cette Sonatine: «Elle est destinée à de jeunes interprètes (et dédiée à mes deux enfants), mais j’espère que les adultes y prendront eux aussi plaisir à leur manière». Lorsque ses deux enfants lui jouèrent l’oeuvre, Dvorak «pleura en les embrassant» et «les remercia du bonheur qu’ils lui avaient procuré ce soir-là». Il décrivait cette composition comme sa «création préférée».
Dans cette interprétation, Váša PŘÍHODA est accompagné par Maria BERGMANN - une prise de son de la Radio SWR de Stuttgart datant du 16 mars 1951, faite dans le «Musikstudio» de Baden-Baden.