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Henryk SZERYNG, un portrait fait par Gertrude FEHR (Territet), date et lieu inconnus
Willem van OTTERLOO, un portrait fait par John RICH, Sidney, 1965
Bela Bartok, portrait fait par Geoffrey Landesman, Cleveland Orchestra Archives
Bela Bartok en 1938, un portrait fait par Charles Leirens

Bela BARTOK
Concerto pour violon et orchestre No 2, Sz 112
Henryk SZERYNG
Orchestre philharmonique de la radio néerlandaise
Willem van OTTERLOO
25 juin 1962, Concertgebouw Amsterdam

C’est à la suite de discussions avec son ami le violoniste Zoltán Székely (1903 - 2001) - établi à Amsterdam depuis 1935 et chez lequel Bela Bartok séjourna souvent - qu’est né le Second Concerto pour violon. Les premières esquisses datent d'octobre 1936, mais Bartok n'en commença la composition que vers fin 1937, et la termina en décembre 1938. Bela Bartok avait suggéré de composer une série de variations, mais le violoniste insista, demandant que la composition prenne la forme d’un concerto. Bartok se plia à ses désirs, tout en conservant l'écriture des variations dans les second et dernier mouvements:

"[...] Les mouvements extrêmes sont tous deux en forme sonate, avec deux groupes thématiques principaux dont les fonctions sont en rapport: ainsi le thème principal du premier mouvement se voit modifié dans sa durée (huit mesures au lieu de quatre). Parmi les thèmes secondaires on note cet étonnant total chromatique: mais c’est un thème et non une série. Le deuxième mouvement est tripartite: exposition, six variations, réexposition. C’est sans doute le sommet de ce concerto avec sa coloration lydienne, le caractère si évidemment calme et tendre de son thème, son orchestration si délicate. [...]" Jean-Pierre DERRIEN, 1981

L’oeuvre fut donnée en première audition le 23 avril 1939 à Amsterdam par son dédicataire Zoltan Szekely, mais - vu la situation politique - en l'absence du compositeur, qui avait quitté l'Europe. L’Orchestre du Concertgebouw était dirigé par Willem MENGELBERG, son directeur musical.

Une excellente description , citée des notes de programme de Péter LAKI - dans une traduction de Péter BARIA - publiées en 2010 dans la brochure du HSACD 32509 de Hungaroton Classic:

"[...] Le Concerto pour violon ne comprend pas de mélodies populaires originales, mais l’influence de la musique folklorique se fait sentir dans l'oeuvre à tout moment. Au cours de son travail analytique, Bartok avait identifié de nombreuses spécificités tonales, rythmiques et structurelles des chansons populaires qu'il a plus tard utilisées librement dans ses propres matières thématiques. Ainsi par exemple, le thème d'ouverture du premier mouvement se base manifestement sur la forme des chansons folkloriques hongroises de style nouveau: la deuxième ligne n’est autre que la première située une quinte plus haut, la troisième ligne contient une nouvelle idée, puis la quatrième clôt la strophe. Bien sûr, du point de vue de la gamme et du registre, ce thème n'a rien à voir avec les chansons folkloriques, mais Bartok s'est tourné volontairement vers un style musical hongrois en parenté avec la musique populaire: le premier brouillon contient encore l’indication de tempo «Tempo di verbunkos». (Par ailleurs, le style de verbunk a joué un rôle décisif dans les oeuvres précoces de Bartok. Ultérieurement, il s'est opposé à cet univers musical en ne considérant authentiques que les couches les plus anciennes de la musique populaire. C'est justement dans les deux rhapsodies qu'il a profité pour la première fois de la reconnaissance que la musique de verbunk possède des racines populaires authentiques - Kodàly a fait la même chose dans les Danses de Marosszék.) Dans le Concerto pour violon, il continue la «réconciliation» avec la musique de verbunk, ce qui atteindra son apogée dans les Contrastes.

La mélodie d'ouverture du Concerto pour violon «de style nouveau» est suivie d'un sujet secondaire plus mouvementé. Peu après, le troisième thème est présenté, dans un tempo plus lent, qui contient les douze tons de la gamme chromatique. Indubitablement, Bartok fait allusion à la méthode dodécaphonique de Schoenberg, mais il traite la gamme de douze degrés seulement comme mélodie sans la soumettre à des procédures sérielles. Le mouvement suit la forme de sonate classique: la fin de l'exposition est marquée par des trilles fortissimo de trompettes et de trombones, et la section de développement commence par le rappel des accords de harpe ouvrant le morceau. La figure d'accompagnement simple des mesures de l'introduction devient une mélodie de violon de grande envergure. Un des moments les plus caractéristiques de la section de développement arrive lorsque le violon solo joue la mélodie de début de façon inversée, «la tête en bas»: de nouveau, Bartok utilise cette technique typique de la dodécaphonie de manière tout à fait originale. Dans la reprise, le sujet principal apparaît sous sa forme originale, alors que le deuxième et le troisième sujets sont inversés. La cadenza commence par un effet inhabituel: les trilles lents d'un quart de ton du violon. Le mouvement se clôt par une coda puissante basée sur le thème principal.

Il n'est pas exagéré de dire que le thème du mouvement lent constitue une mélodie des plus belles du XXe siècle. La première fois il est interprété par le violon solo, accompagné des cordes, de la harpe et de la timbale. Pendant les variations, apparaît toute une série de timbres particulières. À un certain moment, le tempo s'accélère et la mélodie lyrique se transforme en un épisode de staccato à caractère de scherzando. Autre part, ce sont la timbale et la caisse claire qui servent de contrepoint aux trémolos rapides du violon solo. Finalement, le thème retrouve sa forme initiale dans le plus haut registre du violon solo avant de s'évanouir progressivement. C’est la timbale qui a le dernier mot avec deux battements doux.

Comme déjà mentionné, la matière thématique du finale correspond à celle du premier mouvement: la hauteur des notes est identique, le rythme restant différent. Le thème d'ouverture chaudement mélodique (comme désigné par Bence Szabolcsi) se transforme en mélodie de danse qui se joue d'abord sans accompagnement, puis avec les additions imitatives de l'orchestre. Pareillement au premier mouvement, le tempo se ralentit ici aussi en arrivant au thème dodécaphonique. Dans l'accompagnement, on peut entendre ici la harpe, le triangle et les cymbales (selon les instructions de Bartok, on doit frapper le bord de ces dernières par la lame d’un couteau). Ensuite, le tempo rapide revient et la forme de sonate, reflétant le premier mouvement très fidèlement, continue. Le mouvement se termine par une brève cadence, puis dans la section finale, les intervalles de quarte du thème principal s'arrangent dans une nouvelle formation motivique surprenante.

Bartok a composé deux différentes clôtures à ce concerto: suite à la demande de Zoltàn Székely, il a remplacé la première version où seul l’orchestre jouait par une version dans laquelle le soliste est mis en relief jusqu'à la fin.
[...]"

Bela Bartok en 1938, un portrait fait par Charles Leirens
Bela BARTOK en 1938, un portrait fait par le photographe belge Charles LEIRENS

Willem van OTTERLOO, un portrait fait par John RICH, Sidney, 1965
Willem van OTTERLOO, un portrait fait par John RICH, Sidney, 1965
Willem van OTTERLOO dirige ici l'Orchestre philharmonique de la radio néerlandaise dans un concert donné le 25 juin 1962 dans le Concertgebouw d'Amsterdam; au programme, entre autres, ce 2e concerto pour violon de Bela Bartok, avec le superbe Henryk SZERYNG en soliste.

Henryk SZERYNG, un portrait fait par Gertrude FEHR (Territet), date et lieu inconnus
Henryk SZERYNG, un portrait fait par Gertrude FEHR (Territet), date et lieu inconnus
Voici donc...

Bela Bartok, Concerto pour violon et orchestre No 2 en si mineur, Sz 112, Henryk Szeryng, Orchestre philharmonique de la radio néerlandaise, Willem van Otterlo, 25 juin 1962, Concertgebouw Amsterdam

   1. Allegro non troppo         16:10 (-> 16:10)
   2. Andante tranquillo         09:02 (-> 25:12)
   3. Allegro molto              11:53 (-> 37:05)

Provenance: Radiodiffusion, archives de la Radio Néerlandaise

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