La Suite lyrique d'Alban BERG est une oeuvre en six mouvements pour quatuor à cordes qu'il écrivit entre 1925 et 1926 en utilisant des méthodes dérivées de la technique dodécaphonique d'Arnold Schoenberg. Du 15 au 20 mai 1925, un festival international de musique avait eut lieu à Prague, au cours duquel les Trois fragments de l'opéra Wozzeck avaient été mis au programme par Alexander Zemlinsky. À l'instigation de Franz Werfel, l'ami d'Alma Mahler, la soeur de cette dernière, Hanna Fuchs-Robettin, invita Alban Berg à cette manifestation. Pendant toute une semaine, Alban vécut en contact avec Hanna, ses deux enfants et son mari. C'est à cette époque qu'Alban et Hanna nouèrent une relation amoureuse qui dura jusqu'à la première de Wozzeck à la fin de l'année à Berlin.
La Suite lyrique, son second quatuor à cordes, fut achevée l'année suivante, décrivant non seulement par la musique, mais aussi par l'écriture, la profonde impression que cette césure fit dans sa vie. Alors que tout ce qui avait été composé jusqu'à présent avait été écrit en pensant à son épouse, Hélène, son point de vue changeat et se porta sur Hanna Fuchs, d'où le recours au symbolisme des chiffres 10 et 23 (Berg et Hanna) qui détermine le nombre de mouvements et les indications métronomiques.
En 1928, Alban Berg réarrangeat les deuxième, troisième et quatrième mouvements de la Suite lyrique en une pièce pour orchestre de cordes. Selon Adorno ««si le caractère lyrique de la Suite est mieux mis en évidence dans le quatuor, son caractère dramatique est mieux vallorisé dans le tutti à cordes; ce n'est qu'ici que ses contours sont dissous de manière aussi complète et énigmatique que l'exige le concept d'accompagnement du son; et ce n'est qu'ici que le paroxysme atteint sa pleine force catastrophique»».
"[...] L'Andante amoroso est une étude d’expression sensuelle, son caractère prenant souvent un tour plus capricieux et incisif. En son coeur se trouve un interlude élégiaque présageant un retour de la musique de départ, subtilement transformée, avant la conclusion mi-moqueuse mi-désolée.
L'Allegro misterioso anticipe les scherzos des derniers quatuors de Bartok par sa texture en filigrane. Un Trio estatico apporte un vibrant contraste avant le retour de la musique de scherzo, faisant cette fois marche arrière, pour conclure le mouvement.
L'Adagio appassionato est l’épicentre émotionnel de l’ouvrage original, sa passion se mêlant à un sentiment désespéré de mauvais augure. La musique parvient à un point central apaisé, puis se lance vers un apogée explosif qui donne le ton aux deux mouvements de quatuor qui suivent avant de trouver un certain calme dans une coda extatique et éthérée. [...]" cité des notes de Richard WHITEHOUSE, dans une traduction de David YLLA-SOMERS, publiées en 2002 dans le livret du CD Naxos 8.554755.
Début 1945, Hermann SCHERCHEN en enregistra les 1er et 3e mouvements avec l'Orchestre de Radio Beromunster. L'enregistrement fut diffusé le 8 février 1945 sur l'émetteur de Beromunster, à la fin d'un court hommage consacré à Alban Berg pour son 60e anniversaire: