Max REGER
Suite romantique pour orchestre, op. 125
Orchestre Symphonique de la «Norddeutscher Rundfunk»
Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT
20 au 22 septembre 1967
Cette suite romantique fut composée à Meiningen en mai et juin 1912, sur des poèmes de Joseph von Eichendorff. Reger décrivit cette suite comme une excursion dans le domaine de la musique programmatique.
Écrite pour un orchestre symphonique composé de trois flûtes, deux hautbois, cor anglais, deux clarinettes, deux bassons, trois trompettes, quatre cors, trois trombones, un tuba, une harpe, trois timbales, une cymbale et des cordes, la suite est formée de trois mouvements, deux mouvements lents encadrant un scherzo vif. Ils correspondent aux poèmes de Joseph von Eichendorff «Nachtzauber», Magie nocturne, «Elfe», Fée et «Adler», Aigle. Alors qu'à l'origine Max Reger voulait nommer les mouvements comme les poèmes, il pensa plus tard à des titres similaires - «Mondnacht», «Elfentanz» et «Helios»- mais décida finalement de leur donner des titres neutres. Sur le plan thématique, les premier et dernier mouvements sont si étroitement liés que le finale apparaît comme une apothéose des motifs du Notturno, un basculement de l'obscurité vers la clarté. L'oeuvre fut donnée en première audition le 11 octobre 1912 par la Chapelle royale de Dresden sous la direction d'Ernst von Schuch.
Ces trois poèmes d'Eichendorff, avec de courts commentaires traduits d'un texte de Karl SCHUMANN:
«Nachtzauber»
Hörst du nicht die Quellen gehen
Zwischen Stein und Blumen weit
Nach den stillen Waldesseen,
Wo die Marmorbilder stehen
In der schönen Einsamkeit?
Von den Bergen sacht hernieder,
Weckend die uralten Lieder,
Steigt die wunderbare Nacht,
Und die Gründe glänzen wieder,
Wie du's oft im Traum gedacht....
N'entends-tu pas les sources aller
loin Entre la pierre et les fleurs
Vers les lacs tranquilles de la forêt,
Où sont les tableaux de marbre
Dans la belle solitude?
Des montagnes doucement vers le bas,
Réveillant les chansons anciennes,
La merveilleuse nuit se lève,
Et les terres brillent à nouveau,
Comme vous le pensiez souvent dans les rêves.
"[...] L'élément contrapuntique, habituellement déterminant pour Reger, est ici en retrait. La couleur détermine le Notturno. La proximité avec Debussy est indéniable. Ce qui prédomine, c'est le „con sordino“, la division des cordes, les vents conduits comme solistes, les syncopes pulsées, les accents de la harpe et un chromatisme hypersensible qui fait que le thème est doux, reste petit et glissant. [...]"
«Elfe»
Bleib bei uns! wir haben den Tanzplan im Tal
Bedeckt mit Mondesglanze,
Johanneswürmchen erleuchten den Saal,
Die Heimchen spielen im Tanze.
Die Freude, das schöne, leichtgläubige Kind,
Es wiegt sich in Abendwinden:
Wo Silber auf Zweigen und Büschen rinnt,
Da wirst du die schönsten finden.
"[...] Reger voulait intituler le scherzo au rythme habituel de 3/4 „Elfenspuk“, car il s'inscrit dans la lignée de la musique des Elfes finement ciselée de Mendelssohn, qu'il a admiré toute sa vie. Les bois vifs dominent, les octaves de violon qui virevoltent au début peignent le clair de lune. Le spectre se dissipe en ombre „ppp“. [...]".
«Adler»
Steig nur, Sonne,
Auf die Höhn!
Schauer wehn,
Und die Erde bebt vor Wonne.
Kühn nach oben
Greift aus der Nacht
Waldespracht,
Noch von Träumen kühl durchwoben....
"[...] Le finale, intitulé à l'origine „Helios“, donne dans une mesure de temps modérée l'apothéose triple „forte“ des motifs du Notturno. Lentement, la nuit s'éloigne, le soleil brille de tous ses feux: un thème traité à maintes reprises dans la musique. [...]"