En 1839, Giuseppe Verdi donna à Milan son premier ouvrage, un drame musical intitulé «Oberto di San Bonifacio». Ce début fut heureux, et il fit représenter ensuite «Un Giorno di regno», partition écrite à la hâte sur un libretto bouffe et qui eut un échec complet. Découragé, Verdi resta près d’une année sans rien composer de nouveau, puis se remit à l’oeuvre et écrivit son «Nabucco» («Nabuchodonosor», le soir même de la première audition - 9 mars 1842 - appellé par euphonie «Nabucco»), représenté à la Scala pendant le carnaval de 1842 avec un succès éclatant, ce qui le classa dès lors parmi les maîtres de l'Italie. L'oeuvre évoque l'épisode biblique de l'esclavage des juifs à Babylone caractérisé par le choeur de la troisième partie, le «Va, pensiero» des Hébreux: à l’évidence - et bien que le compositeur n’en ait pas eu conscience durant l’écriture - le peuple italien sous occupation autrichienne s’est identifié avec engouement au peuple hébreux opprimé, au point que dès le soir de la création, le «Va, pensiero» est bissé et devient hymne de la libération et de l’unité nationale. Très vite, l’oeuvre fait le tour de l’Italie, puis de l’Europe entière, avant de gagner l’Amérique.
Giuseppe Verdi, une litographie imprimée par Rigo Lebret et Cie entre 1845 et 1865
lithogr. 35 x 26,5 cm, Droits: domaine public, Identifiant: ark:/12148/btv1b8426691c
Source: Bibliothèque nationale de France (cliquer sur la photo pour une vue agrandie, cliquer EN DEHORS de la vue agrandie pour la fermer)
La première partie de Nabucco se déroule à Jérusalem, les suivantes à Babylone. Intitulée «sinfonia», selon la tradition italienne, l’ouverture de Nabucco, brillante et énergique, présente une grande unité, notamment rythmique, malgré le collage des différents thèmes qu’elle propose. Elle permet de plonger dans l'histoire tumultueuse de cet opéra - à la manière d'un pot-pourri, Verdi juxtapose des thèmes qui seront développés par la suite:
"[...]
• L’andante initial et son motif de trombones et cimbasso évoque immédiatement des lieux et temps lointains avant que n’éclate le tutti orchestral (0’32) dans un accord fortissimo dominé par les percussions, suivi de vifs allers-retours des cordes en doubles croches.
• Après une transition des bassons et cordes graves ménageant un certain suspens (1’03), l’allegro nous fait entrer dans le vif du sujet. Le thème de la malédiction est alors présenté par les cordes, les cuivres, les cors et le basson, soutenus de la caisse claire (1’30). Commençant sur le troisième temps de la mesure, ce thème donne une sensation de déséquilibre, de malaise, renforçant, lors de son utilisation au IIe acte, la dénonciation de la trahison d’Ismaël.
• Après un bref retour de l’andante (2’04) le célèbre thème du «Va, pensiero» est présenté par le hautbois et la clarinette (2’18). Privé de son souffle vocal et des silences qui l’accompagne d’ordinaire, cette première exposition du thème des esclaves frustre finalement l’auditeur qui, même en l’entendant réapparaître avec un effectif plus fourni (3’02), ne pourra s’empêcher d’attendre sa version chorale, seule capable de le satisfaire!
• Un retour de l’allegro permet de réentendre le thème inquiétant de la malédiction (4’45), s’enchaînant aussitôt à celui des Prêtres de Baal avant d’amorcer la grande strette finale (5’13), véritable crescendo orchestral installant l’auditeur dans un climat déjà spectaculaire et dramatique, annonçant la menace à venir tout en créant l’enthousiasme. [...]"
cité d'un texte de Jonathan Parisi publié dans ce ce fichier pdf du site «opera-orchestre-montpellier».
Les minutages cités ci-dessus permettent de se situer assez bien dans l'interprétation proposée sur cette page, qui est jouée un petit peu plus lentement.
Cette ouverture fut enregistrée par l'Orchestre Symphonique de la Norddeutscher Rundfunk sous la direction de Wilhelm SCHÜCHTER, en novembre 1956.
Le «NWDR-Sinfonieorchester» fut fondé en 1945 comme Orchestre Symphonique de la Radio de Hamburg. En 1956, lors de la scission de la «Nordwestdeutscher Rundfunks» (NWDR) en «Norddeutscher Rundfunk» (NDR) et «Westdeutsche Rundfunk Köln» (WDR), il fut rebaptisé en «NDR Sinfonieorchester». Il va conserver ce nom historique jusqu'en 2016: suite à l'inauguration de sa nouvelle salle de résidence, il fut rebaptisé en «NDR Elbphilharmonie Orchester». À l'époque de cet enregistrement, Hans Schmidt-Isserstedt en était le chef titulaire, assisté par Wilhelm Schüchter, son adjoint de 1945 à 1957.
L'enregistrement a quelques imperfections sonores, que je ne peux hélas pas corriger.
3 novembre 2019: Grâce à l'enregistrement de la collection d'un ami-mélomane, j'ai pu corriger ces imperfections.
Voici donc...
Giuseppe VERDI, ouverture de Nabucco, Sinfonieorchester des Norddeutschen Rundfunks (NDR Sinfonieorchester), Wilhelm SCHÜCHTER, novembre 1956 (enregistrement corrigé)