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Ermanno WOLF-FERRARI
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 26
Guila BUSTABO, violon
Orchestre Philharmonique de Munich
Rudolf KEMPE
27 et 28 novembre 1972
Salle Hercules de la Résidence de Munich

Presqu'aucun autre concerto pour violon ne présente une relation aussi symbiotique, intime et substantielle entre l'auteur - Ermanno WOLF-FERRARI - et l'interprète - Guila BUSTABO - que l'opus 26. Une oeuvre dont l'auteur se souvient de la première audition „à la Tonhalle de Munich, le 7 janvier 1944, sous la direction magistrale du professeur Oswald Kabasta, avec la soliste Guila Bustabo, à qui je l'ai dédiée en signe de profonde gratitude et d'admiration pour son superbe sens artistique“.

L'opus 26 est vraiment singulier - un cas en soi comme le compositeur - par sa durée, un peu moins de quarante minutes, par le nombre de mouvements, quatre au lieu des trois habituels et par l'écriture absolument tonale - le lien de Wolf-Ferrari avec le passé - qui descend de la tradition du grand concerto romantique et la renouvelle. C'est aussi une oeuvre singulière pour la ferveur d'une passion, malgré un âge avancé, ou peut-être d'autant plus enflammée et impliquée que Wolf-Ferrari a soixante-dix ans, contre vingt-sept pour Guila Bustabo. L'opus 26 „est une oeuvre classique dans le style mozartien, à l'orchestration piquante, avec un Finale d'une instrumentation brillante et colorée“ (Guila Bustabo, „The Gramophone“, novembre 1945). Un résumé, en vérité, un peu hasardeux et très réducteur, surtout pour quelqu'un qui peut se considérer comme coauteur de l'oeuvre. Une oeuvre qui - toujours selon les propos rapportés par Gramophone - est à l'origine, comme d'autres compositions tardives de Wolf-Ferrari, une pièce courte („de seize minutes“) à laquelle le compositeur ajouta ultérieurement de nombreuses pages pour violon et orchestre, tandis que la soliste composait des cadences et des cadences.

"[...] Le Concerto comporte pour ainsi dire trois mouvements et demi: le premier, un large mouvement symphonique, est suivi d'une „Romanza“ puis d'un Finale subdivisé en deux parties bien distinctes, „Improvviso“ et „Rondo finale“.

Le premier mouvement est bâti autour d'un grand thème dans un majeur mélancolique; celui-ci ouvre le mouvement, très doucement, et le termine sur un cri; il est bien entendu exposé par le violon, et on peut certainement y voir un portrait musical de la dédicataire. Wolf Ferrari utilise sans hésiter des ornements romantiques, tels que la semi-cadence mélancolique qui se dissipe dans la quinte; mais toutes ces techniques soigneusement mises au point sont sincères et nécessaires au flux de la musique. Ce qui nous fait regretter que le concerto n'ait pas été composé en 1840, car il ferait alors aujourd'hui partie du répertoire traditionnel. Pour le reste, le mouvement est une fantaisie très libre, parsemée d'éléments propres à la forme sonate, et qui touche à tous les tempi et à toutes les tonalités. On ne pourra manquer d'entendre l'étrange citation modifiée de la «Lustige Witwe», exécutée une seule fois par l'orchestre, et non reprise par le violon. La «Lustige Witwe» aurait-elle revêtu une signification particulière pour Wolf Ferrari et Guila Bustabo?

Le contexte biographique de la composition du concerto suggère que l'on doit s‘attendre, dans le mouvement lent (qui porte d'ailleurs le sous-titre "„Romance“) à entendre un chant d'amour plaintif. Pas du tout. Wolf Ferrari a ici composé un chant presque austère, dans un fa dièse majeur éthéré, qui s'écoule avec une beauté qui n'apparaît pas toujours au premier abord. („Car composer, pour moi, c'est chanter“, écrivit Wolf Ferrari en 1933 à son ami Ernst Kenth). Dans les toutes dernières mesures, le violon solo énonce pour la dernière fois, d'un ton retenu et assombri, le grand thème principal du concerto.

L'„Improvvise“ est, comme son nom l'indique, une improvisation (bien entendu, il ne s‘agit que d'une apparence), très vrombissante, avec de nombreux rythmes pointés. Le „Rondo finale“ est un rondo de facture presque classique, construit autour d'un thème simple et souple; il exige du soliste une très grande virtuosité.

Voilà bien un concerto inexplicable. Wolf Ferrari serait-il parti dans un exil intérieur, faisant fi de toute l'évolution de l'histoire de la musique? Ce que l‘esprit universel de la musique pensait de son art lui était-il devenu indifférent? Certes, d'autres compositeurs de son temps - citons Pfitzner, Richard Strauss et l'étrange Erich Wolfgang Korngold, qui composa presque à la méme époque, mais à Hollywood, un concerto pour violon en ré majeur — ont écrit des oeuvres tardives démodées. Elgar et Sibelius avaient également agi ainsi dix, quinze ans auparavant: mais tous ces artistes avaient introduit certaines fractures dans leurs compositions, comme s'ils avaient voulu avertir tout bas de la présence d'une certaine modernité. Une oeuvre inactuelle aussi pure et insouciante que le concerto pour violon de Wolf Ferrari est certainement une rareté. Peut-être pourrait-on la qualifier d'intemporelle? Et aujourd'hui, cinquante ans aprés sa composition, peut-on la qualifier de post-moderne? Ce serait une justification tardive. Toutefois, si l'auditeur approche le concerto comme il a été écrit, c'est-a-dire „con ammirazione“, aucune justification n'est nécessaire.
[...]" cité des notes de Herbert ROSENDORFER publiées en 1996 dans le livret du CD CPO 999 271-2.

En concert les 27 et 28 novembre 1972 dans la salle Hercules de la Résidence, l'orchestre Philharmonique de Munich sous la direction de Rudolph KEMPE. Au pro­gramme, uniquement des oeuvres à l'époque encore contemporaines:

-►  Ottmar Gerster, Ouverture de «Enoch Arden oder Der Möwenschrei»
-►  Ermanno Wolf-Ferrari, Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, Op. 26
-►  Erich Wolfgang Korngold, Symphonie en fa dièse majeur, op. 40

Guila BUSTABO, pour qui Ermanno WOLF-FERRARI avait composé cette oeuvre et qui l'avait donnée en première audition une trentaine d'années auparavant, était la soliste dans le concerto pour violon:

        1. Fantasia             10:23 (-> 10:23)
        2. Romanza              06:58 (-> 17:21)
        3. Improvviso
        4. Rondo finale         17:54 (-> 35:15)

Provenance: Radiodiffusion

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1. Fantasia


2. Romanza


3. Improvviso, 4. Rondo finale