Cette symphonie appartient au groupe nommé «Climax of the „Sturm und Drang“ (c. 1772)» - soit „Apogée du «Sturm und Drang»“ - symphonies composées vers 1772, le 7e groupe dans la chronologie établie en 1990 par James WEBSTER:
Pour une courte présentation de ce groupe assez énygmatique, voir le texte de James WEBSTER cité sur cette page de mon site.
Cette symphonie No 46 est la seule de ses symphonies dans la tonalité si majeur, à l'époque inhabituelle - rare à cause des problèmes d’intonation.
"[...] Maintenant, on sait tout de suite que l’unisson de quatres notes du début est destiné à être développé en contrepoint. Haydn est très habile à nous montrer les possibilités du thème. Il prend les trois premières notes et les arrange avec une sorte de contrepoint dans le style de Johann Joseph Fux: cela se passe avant le passage intermédiaire. Puis, au début du développement, les quatre notes sont combinées entre elles, tel un canon. La fausse reprise est largement utilisée. Lors de la véritable récapitulation, Haydn nous présente finalement la totalité du thème en contrepoint. C’est un mouvement très concis et plutôt sombre.
Le “Poco Adagio” est une sorte de sicilienne sophistiquée. Ici le mouvement est en tonique mineure, et orné de passages à cordes, notés “staccato assai”. Il y a un véritable air d’Italie, quelque chose que nous retrouverons souvent dans la musique de Haydn: c’est étonnant qu’il ait pu capter si précisément les airs d’un pays qu’il n’avait jamais vu.
Le menuet, mouvement langoureux et élégant, est ponctué de séquences de “soupirs”, une ancienne invention baroque qui consiste à faire monter ou (habituellement) à faire descendre la musique. Le trio est presque sans précédent, étant “durchkomponiert” (bien qu’avec des mesures doubles), et d’un goût qui, étrangement, rappelle les Balkans. La seconde partie finit en si mineur, avec des contrastes harmoniques et dynamiques plutôt sinistres.
Le finale, noté “Presto e scherzando”, s’ouvre sur une trame bipartite, avec uniquement les violons. C’est un mouvement plein d’esprit, plaisantin (comme le titre l’exige), ayant une tendance grotesque. L’utilisation qui est faite ici du silence est remarquable, ajoutant à la musique toute une série de déformations surprenantes. Mais rien ne nous prépare à l’effet bizarre, mais aussi émouvant, de la seconde moitié. La musique s’arrête sur une demi-cadence dans la dominante, suivie d’une fermata, et puis le menuet recommence (de manière caractéristique, à partir de la 15ème mesure) et Haydn fait se déplier le mouvement entier de la danse (sans répétitions) avant de revenir au sujet principal du finale. Ceci, également, disparaît avec les premiers violons et la musique s’arrête sur deux mesures de répit. Puis, effet très comique, les cors jouent un point d’orgue bas et le thème revient en guise d’adieu. [...]"
L'enregistrement proposé sur cette page a été fait 4 novembre 1960, par la Südwestfunk à Baden-Baden, avec le Grand Orchestre de la Südwestfunk (l'actuel Orchestre Symphonique de la Radio de Baden-Baden et Fribourg-en-Brisgau) - sous la direction d'Ernest BOUR, qui en deviendra le chef titulaire deux ans plus tard, un poste qu'il conservera jusqu'en 1979, avant de se retirer.
Voici donc...
Joseph Haydn, Symphonie No 46 en si majeur, le Grand Orchestre de la Südwestfunk (Grosses Orchester des Südwestfunks), Ernest Bour, 4 novembre 1960, Hans-Rosbaud-Studio, Südwestfunk, Baden-Baden