Peter TSCHAIKOWSKI
Francesca da Rimini
fantaisie symphonique d'après Dante, Op. 32
Orchestre Radiosymphonique de Leipzig
Ernest BORSAMSKY
13 avril 1949, Kongresshalle am Zoo, Leipzig
«Francesca da Rimini», une jeune Italienne dont les amours tragiques ont été immortalisés par Dante ALIGHIERI dans sa «Divine Comédie», a inspiré de nombreux artistes, dont une vingtaine de compositeurs. Pour plus de détails, voir par exemple l'ouvrage de Brigitte Urbani Francesca da Rimini et Paolo Malatesta: une célèbre histoire d’amour italienne paru en 2015 chez Théâtres du Monde, ffhal-01599815f
Francesca da Rimini, tableau de William Dyce Galerie nationale d'Écosse, Numéro d'inventaire NG 460, Credit line: Royal Scottish Academy 1864; transferred to the National Gallery of Scotland and presented 1910, Photographer:Antonia Reeve
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D'après un texte de Michael Fleming, traduction de Brigitte Finaud, publié en 1996 chez Chandos, ce fut "[...] Modeste Tchaïkovski qui donna à son frère l'idée d'écrire une pièce orchestrale à partir du conte dantesque de Paolo et Francesca. Pendant l'été 1876, le compositeur prit les eaux à Vichy, où il se plaignit sans cesse, noyé qu’il était dans sa mélancolie. Pour le distraire, Modeste l’incita à composer: pourquoi ne pas écrire un poème symphonique à partir d’Hamlet, de Francesca ou encore de Tamar? Piotr attendit plus d’une décennie pour faire d'Hamlet le sujet d’une oeuvre musicale. À ce moment-là, Francesca correspondait mieux à son humeur.
Peu après son arrivée à Vichy, il écrivit à Modeste une lettre qu’il entama par une citation de l'Enfer de Dante, et plus précisément du canto qui relate le destin de Francesca: “Nessun maggior dolore che ricordarsi del tempo felice nella miseria” La mélancolie qui me consume est d'autant plus grande que je me remémore très clairement les trois jours que je viens de passer à Lyon en ta compagnie... Tu sais bien que même moi je suis frappé par ce mal psychologique intolérable qui s’abat sur moi chaque fois que je suis seul à l’étranger. [...]".
Préface que Tschaikowski inséra dans la première édition de la partition, citée de cette page
de l'IMSLP, Moscou, P. Jurgenson, 1878, Plate 3083, réédition de Bote & Bock, Berlin, ca.1880.
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Tschaikowski traversait l'une des périodes très agitées, tourmentées, de sa vie. Après un séjour à Bayreuth, il rentra à Moscou et entreprit, en octobre 1876, son nouveau poème symphonique: il l'acheva après trois semaines, le 17 novembre; la partition est dédiée à son ancien élève Sergueï Taneiev. Ce poème est pratiquement contemporain du Lac des cygnes et des Variations sur un thème rococo. Sa première fut donnée à Moscou le 9 mars 1877 (24 févier selon le calendrier julien), par la Société musicale russe sous la direction de Nikolai Rubinstein.
Page de couverture de la première édition de la partition, citée de cette page de l'IMSLP, Moscou, P. Jurgenson, 1878, Plate 3083, réédition de Bote & Bock, Berlin, ca.1880.
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En tête de la partition imprimée de l'oeuvre, Tschaikowski plaça un court résumé: "[...] “Dante descend dans le second cercle de l’Enfer. Il y voit le châtiment des débauchés, que torture un ouragan incessant et cruel, qui souffle dans cet espace sombre et lugubre. Parmi les damnés, il reconnaît Francesca qui lui raconte son histoire.” Les dissonances, l’instabilité tonale et harmonique accompagnent le cheminement du poète, avant que le déferlement orchestral ne figure le décor effrayant du Chant V de L’Enfer. Au centre de l’oeuvre, un épisode dont le lyrisme s’amplifie progressivement correspond au récit de Francesca, à l’expression de sa douleur et de sa passion.[...]" cité d'un texte d'Hélène Cao publié en 2018 dans ce programme de concert de la Philharmonie de Paris.
Pour plus d'informations sur l'oeuvre, voir par exemple cette page du site en.tchaikovsky-research.net.
"[...] Le récit de l’héroïne forme le volet central du poème symphonique: une longue mélodie énoncée par la clarinette et reprise par les violoncelles avant d'être clamée par l’orchestre tout entier. On trouve ici quelques touches délicieuses: au début, des cordes pizzicato soutiennent gentiment la clarinette; plus loin, les lignes des violoncelles, au-dessus desquelles les flûtes tressent des guirlandes. Cette douce mélodie s’enfle alors en un fortissimo orchestral, que l’on peut soir condamner, soit pardonner au compositeur, qui confie à sa musique un peu de ce qui l'accable.
Ce volet central est entouré de deux musiques “d’orage”, caractéristiques de l’époque, avec des gammes chromatiques tremblantes et de flamboyants accords de septièmes diminuées. Un passage d’harmonies ondoyantes qui rappellent Wagner, comme le remarqua Tchaïkovski, sert de prélude et est repris vers la fin. Au premier abord, ces passages dépeignent les portes de l’Enfer, qui portent la devise: “Abandonne tout espoir, toi qui entres ici”. Mais ils forment aussi un lien entre l’existence de Tchaïkovski et sa musique, et les sons entendus à Bayreuth [*] se répercutent sur les parois de l’Enfer personnel du compositeur. [...]" (*)ces «sons entendus à Bayreuth» sont ceux de l'Anneau des Nibelungen: Tschaikowski avait assisté à la première du cycle
Recto de la pochette du disque 33 tours 12 pouces Urania URLP 7158 (cliquer sur la photo pour une vue agrandie, cliquer EN DEHORS de la vue agrandie pour la fermer)
L'interprétation qui vous en est proposée sur cette page est celle d'Ernest BORSAMSKY dirigeant l'Orchestre Radiosymphonique de Leipzig, publiée pour la première fois sur le disque Urania URLP 7158 (Romeo et Juliette sous la direction de José EIBENSCHÜTZ sur l'autre face)(réédité sur UR-RS 7-22, low-priced Request Series, The Billboard 12 décembre 1953, page 42).
Cet orchestre - le «Rundfunk-Sinfonieorchester Leipzig» (RSO), fondé le 6 janvier 1923 sous le nom de «Leipziger Sinfonie-Orchester » (LSO), l'actuel «MDR-Sinfonieorchester» - est l'un des plus anciens orchestres de radio au monde, et le plus ancien des 12 orchestres de l'ARD: en 1924 déjà, il fut repris par la «Mitteldeutsche Rundfunk AG (MIRAG)», puis en 1945 par le «Sender Leipzig des Rundfunks der DDR». À l'époque de cet enregistrement, c'est Hermann ABENDROTH qui en était le chef titulaire (1949 à 1956).
Étiquette du disque 33 tours 12 pouces Urania URLP 7158
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À noter que sur ce disque l'orchestre est nommé «Leipzig Philharmonic Orchestra»: c'est un nom que l'on retrouve souvent dans les années 1950...1960, mais il s'agit bien entendu d'un nom de fantaisie que l'on considérait probablement comme faisant mieux que «Leipzig Radio Symphony Orchestra»... Dans la réédition sur le disque Urania UR-RS 7-22, l'orchestre fut d'ailleurs correctement nommé:
cité du quotidien «The Selma Times Journal» du 12 janvier 1954, page 5
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À noter au bas de ce court article la remarque "[...] Recording - probably live performances [...]", car...
L'origine de l'enregistrement... Il n'a pas été fait particulièrement pour Urania, mais quelques années auparavant par la «Rundfunk der DDR», le 13 avril 1949 déjà. On retrouve en effet un tel enregistrement dans les fichiers de la DRA (Deutsches Rundfunkarchiv), parmi les 21 enregistrements d'Ernest Borsamsky recensés, plus exactement sous les références «ZME995» et «DigArchiv Daccord3.26143290».
À noter que ce 13 avril 1949 - toujours selon les excellents fichiers de la DRA (Deutsches Rundfunkarchiv) - furent également enregistrés le «Concerto gregoriano» de Respighi, «La Mer» de Debussy et la «Suite de l'Oiseau de Feu» de Strawinski, le tout dans la Kongresshalle am Zoo de Leipzig, donc certainement lors d'un concert. C'est assez exceptionnel qu'un concert aussi ancien soit entièrement publié sur disques, pouvant être ainsi reconstitué! Ne reste plus qu'à essayer d'en retrouver la trace dans la presse de l'époque...
Voici donc...
Peter Tschaikowski, Francesca da Rimini, fantaisie symphonique d'après Dante, Op. 32, Orchestre Radiosymphonique de Leipzig, Ernest Borsamsky, 13 avril 1949, Kongresshalle am Zoo, Leipzig (Andante lugubre - Più mosso. Moderato - Allegro vivo - Andante cantabile non troppo - Allegro vivo - Poco più mosso 23:35)
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