Johann Sebastian BACH
Sonate en mi bémol majeur pour flûte
traversière et clavecin obligato, BWV 1031
Fernand CARATGÉ, flûte, Marcelle CHARBONNIER, clavecin
1949
"[...] Bach a écrit des compositions pour tous les genres de musique de chambre, et, en outre, il a pour ainsi dire “canonisé“ des possibilités nouvelles dans le cas de certains types de distribution; il y avait déjà eu quelques sonates écrites pour violon solo sans basse, mais Bach fut le premier à imposer cette distribution par l’ampleur et la teneur artistique de ses propres compositions. Cela s’applique également aux Suites pour violoncelle seul et aux Sonates en duo pour un instrument mélodique et clavecin obligé.
Bien que dans le domaine de la composition de sonates on connaisse certaines oeuvres en duo avec clavecin obligé antérieures à la période d’activité de Bach, ce type d’écriture n’en restait pas moins inhabituel à son époque. Ce fut sans doute l’intérêt que Bach portait lui-même au clavecin qui l’incita à choisir cette distribution; de plus, il ne voulait pas se contenter de jouer, dans les concerts de sonates, le rôle subalterne imparti à l’exécutant du continuo. Dans les Six Sonates pour violon, les trois pour viole de gambe et les deux pour flûte, Bach a imposé le principe du duo avec clavecin obligé, qui s’est maintenu jusqu’à nos jours. Bach a obtenu le caractère obligé du clavecin en ne lui confiant pas seulement le continuo, comme on le faisait d’ordinaire, mais en lui accordant également une voix mélodique autonome; cette technique trouve son point de départ dans la sonate baroque en trio, pour deux instruments mélodiques et basse continue. [...]" cité de notes de Hans-Günter KLEIN, dans une traduction de Jacques FOURNIER, publiées dans divers albums de disques.
La présente Sonate en mi bémol majeur pour flûte traversière et clavecin obligato, BWV 1031 est une «« petite sonate mélodieuse et pleine d'humour, qui contraste fortement avec la sonate No 1 en si mineur, BWV 1030. Elle a sans aucun doute été composée plus tôt. Le clavecin, conformément à son rôle prépondérant dans ce type de sonate, se voit attribuer des passages en solo au début de chaque section du mouvement d'ouverture. Le Siciliano a été rendu célèbre dans un arrangement pour deux pianos; c'est une mélodie pastorale d'une beauté à couper le souffle. »» Traduit des notes d'Edward Tatnall Canby publiées dans l'album VOX PL 6160.
Quelques précisions de plus sur cette Sonate en mi bémol majeur pour flûte traversière et clavecin obligato, BWV 1031, citées des notes de Hans-Günter KLEIN, référenciées plus haut.:
"[...] Selon toute vraisemblance, les deux Sonates en mi bémol majeur (BWV 1031) et en sol mineur (BWV 1020) ne sont pas de Bach. Bien que les sources de la première (de l’écriture d’Emanuel) l’attribuent sans équivoque à Jean-Sébastien Bach, les divergences stylistiques extrêmement prononcées qu’elles présentent par rapport aux autres sonates en duo parlent catégoriquement en faveur de son fils ou tout au moins d’une collaboration entre le père et le fils (cette collaboration devait servir de modèle pour la Sonate BWV 1020): la configuration polyphonique est à peine dessinée, aucune sonate ne renferme de mouvement fugué, la conduite de la basse vise davantage à servir de fond au traitement harmonique qu’à fournir une conformation mélodique poussée et, par conséquent, ne se voit pas confier le moindre matériel thématique.La structure formelle des mouvements vifs, représentant un type qu’on ne rencontre pas chez Bach tout au long de l’évolution de la forme-sonate, correspond à ces caractéristiques de la technique compositionnelle. Les deux voix mélodiques ne sont pas non plus intégrées l’une à l’autre comme dans les sonates de Bach. L’écriture mélodique des mouvements lents rappelle parfois Bach, mais de nombreux motifs font apparaître distinctement des éléments du “style galant“. [...]"
Le premier mouvement - ALLEGRO MODERATO (à quatre temps) - "[...] s’ouvre par un solo du clavecin, qui développe en arpèges les notes clefs du ton. Le dialogue entre les deux partenaires s’engage aussitôt - chacun avec son thème particulier. Au centre du morceau, la partie de flûte brille de traits de virtuosité. On notera que le thème joyeux et allant du clavecin revient comme un refrain, sur une main gauche traitée en basse continue.
2. SICILIANO (à 6/8, en sol mineur): ce mouvement lent très célèbre a fait l’objet de toutes sortes de transcriptions. Le motif de la sicilienne est énoncé par la flûte sur les oscillations immuables du clavier, - parmi lesquelles on relèvera quelques imitations canoniques.
3. ALLEGRO (à 3/8): une page heureuse, dans laquelle flûte et clavecin se poursuivent inlassablement, vient conclure cette séduisante sonate tout entière basée sur la virtuosité. [...]" Adélaïde de PLACE dans le „Guide de la musique de chambre“ publié sous la direction de François-René TRANCHEFORT, page 17 de l'édition de 1989.
Dans l'interprétation proposée ici, Fernand CARATGÉ est à la flûte et Marcelle CHARBONNIER au clavecin. L'enregistrement fut fait le 25 octobre 1949 en la Salle Chopin de Paris, pour le label „Trésors de la musique“, à l'origine publié sur 78 tours (TM 13) (d'après la discographie de Michael GRAY).
Johann Sebastian BACH, Sonate en mi bémol majeur pour flûte traversière et clavecin obligato, BWV 1031, Fernand CARATGÉ, flûte, Marcelle CHARBONNIER, clavecin, 25 octobre 1949, Salle Chopin, Paris