Pour une courte présentation des neuf oeuvres du genre de l’ouverture de concert composées par Hector BERLIOZ, voir au début de cette page de mon site.
Hector Berlioz pensait n’avoir jamais rien composé de plus brillant et original que son „opéra semiseria“ Benvenuto Cellini. Pourtant, à l’exception de La Damnation de Faust, aucune de ses partitions ne subit échec plus cuisant. Présenté à l’Opéra de Paris le 10 septembre 1838, Benvenuto ne tint l’affiche que pour quatre représentations (suivies par trois autres exécutions du seul premier acte, suivi d’un ballet); il disparut ensuite sans laisser d'autres traces que celle de son ouverture: elle remporta rapidement un grand succès, et cette pièce exubérante, fougueuse et colorée jouit depuis d'une véritable popularité, même si elle fut quelque peu éclipsée par celle du „Carnaval Romain“. Les deux ouvertures sont toutefois d'égale valeur et totalement indépendantes l'une de l'autre sur le plan musical. Celle dédiée à Benvenuto Cellini, dans la tonalité principale de do majeur, ne cite des éléments de l'opéra que dans son introduction lente, qui développe tour à tour le thème solennel du pape „À tout péché pleine indulgence“ (ou du cardinal, selon la version du livret: lors de la première, la censure parisienne refusa qu'un pape apparaisse sur scène. Berlioz le remplaça par le cardinal Salviati. Le personnage du pape Clément VII ne réapparaîtra que plus tard) et la délicate ariette d'Arlequin.
«« Tout le matériau de l'„Allegro deciso con impeto“, qui porte bien son nom, est nouveau. La partition exceptionnellement brillante (même selon les critères de Berlioz) fait appel à quatre trompettes et deux cornets. Associée à la vigueur incisive des rythmes (pleins de syncopes électrisantes), elle ajoute à l'effet exaltant et enivrant qui explique le succès durable de cette pièce. Le thème principal de l'Allegro surgit avec toute sa force, pour s'arrêter après seulement 22 mesures. Le thème du cardinal à la basse est ensuite mis en valeur par une contre-mélodie chromatique qui préfigure le deuxième thème de l'Allegro principal.
Le „Larghetto“ se déploie sur 66 mesures, au milieu de figures rythmiques de plus en plus complexes et d'une écriture de plus en plus brillante. Un accord fracassant annonce l'Allegro principal, une forme sonate très libre dans laquelle chacun des deux thèmes est souvent combiné en contrepoint avec des éléments de l'autre, une procédure qui annonce les techniques schoenbergiennes de « développement permanent ». Le point culminant final est atteint lorsque le thème du cardinal, augmenté par toute la section des cuivres, s'élève au-dessus du tumulte orchestral, véritable apothéose, l'une des nombreuses écrites par Berlioz. »» résumé d'un texte de Harry HALBREICH.
Dans l'interprétation qui en est proposée sur cette page, Paul KLETZKI dirige l'Orchestre Philharmonia, une prise de son faite par l'équipe du label Columbia le 6 septembre 1951 dans le „Kingsway Hall“ de Londres.
Allegro deciso con impeto - Larghetto - Allegro deciso con impeto 10:28