Robert SCHUMANN
Concerto pour violoncelle en la mineur, op. 129
Zara NELSOVA, violoncelle
Orchestre de la Suisse Romande
John PRITCHARD
6 mars 1968, dixième concert de l'abonnement
Victoria Hall, Genève
L'interprétation de Zara Nelsova reçut des commentaires plus qu'élogieux de la part des chroniqueurs de la presse suisse romande, comme par exemple de Franz WALTER dans le Journal de Genève du 7 mars 1968, en page 14 ...
"[...] Au dixième concert de l'abonnement - John Pritchard - Zara Nelsova
John Pritchard a confirmé hier soir la bonne impression qu'il nous avait laissée il y a deux saisons. Ce qui plaît chez lui, c'est le naturel avec lequel il obient des phrasés justes, souligne un dessin, détermine un rythme, c'est aussi une distinction typiquement britannique, c'est-à-dire non dépourvue d'un certain sens du panache.
[...]
le centre de gravité de ce concert, et qui en fait même un événement mémorable, je le situe pour ma part dans l'interprétation proprement bouleversante que nous devons à Zara Nelsova du concerto de violoncelle de Schumann. Nous connaissions déjà le talent de cette grande artiste — dont les apparitions à nos concerts ont été cependant trop rares — mais il a atteint aujourd'hui un degré d'épanouissement incomparable. Et qui effectivement appelle peu de points de comparaison, tant est personnel et profondément vécu tout ce qu'elle donne d'elle-même. Quelle intensité sonore et expressive ne tire-t-elle pas de son superbe Stradivarius! Et de quel frémissement passionné toute son interprétation n'est-elle pas traversée! (jusque dans l'emportement de certains traits). Tout cela merveilleusement contrôlé par une technique aussi souple que robuste et un sens inné de la noblesse. Une bien belle artiste, en vérité. [...]"
... et de Numa-F. TÉTAZ dans la Feuille d'avis de Lausanne du 5 mars 1968, en page 27:
"[...] Je me souviens du concert au cours duquel elle avait joué, voilà quelques années, le concerto pour violoncelle de Dvorak. C'était prodigieux de puissance d'expression et de beauté instrumentale, mais l'oeuvre, si attachante qu'elle soit, n'atteint sans doute pas aux profondeurs ultimes, et fait appel à un charme un peu extérieur.
Tout autre est le concerto de Schumann (deuxième partie du concert de l'OSR, hier soir au Théâtre de Beaulieu, à Lausanne). Plus maladroit, plus ingrat aussi, il est surgi tout entier des abîmes d'une âme noble et douloureuse, dont il exprime la passion de fascinante manière. Encore faut-il savoir, le jouer: car, entre les mains d'interprètes médiocres, il ne montre plus que ses défauts apparents, et sa substance demeure cachée.
Hier soir, il m'a bouleversé comme jamais. Dès les quatre ou cinq premières notes, il y avait cet accent grave, triste et pourtant si généreux, le climat était créé, et nous voilà tous entraînés dans un voyage intérieur terrible et merveilleux à la fois.
La tension qu'il faut pour cela n'a jamais cédé, pas même aux passages les plus redoutables. Ne dirait-on pas souvent que le soliste se met à travailler quelque étude, lorsqu'il aborde les traits qui précèdent le retour du thème principal dans le premier mouvement, ou les interminables formules en accords brisés du final?
Sous l'archet de Mme Nelsova, leur signification se révèle: moments nécessaires d'une course de plus en plus enfiévrée, épisodes d'un drame plein d'emportement et de fureur, voilà bien le sommeil noir de la nuit romantique. Il va de soi qu'il faut une technique exceptionnelle pour réussir cela. Il me semble que personne ne surpasse Mme Nelsova sur ce terrain, ni par la fermeté ou l'assurance, ni par la beauté sonore et la souplesse, source de la diversité des moyens d'expression. Et, surtout, ces moyens sont vraiment l'instrument d'une grande âme. [...]".
Robert Schumann, Concerto pour violoncelle en la mineur, op. 129, Zara Nelsova, violoncelle, Orchestre de la Suisse Romande, John Pritchard, 6 mars 1968, Victoria Hall, Genève
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