En 1796, Ludwig van Beethoven - âgé de 26 ans - était en voyage à Prague avec le prince Karl Lichnowsky, qui l'introduisit auprès de la noblesse de la métropole musicale de Bohème; Beethoven fit ainsi la connaissance de la comtesse Joséphine Clary, qui séjournait dans la maison de son futur beau-père, le mécène des artistes Clam-Callas. La comtesse, très douée pour la musique, avait une voix magnifique: Beethoven lui dédia l'air «Ah, perfido» (op. 65). En outre, élève de Johann Baptist Kucharz - qui avait joué la partie pour mandoline de l'opéra de Mozart «Don Juan» lors de la première à Prague, en 1787 -, elle jouait également fort bien de la mandoline. Beethoven lui dédia quatre pièces pour mandoline napolitaine et clavecin. Il semble toutefois en avoir composé encore au moins deux de plus (ref).
Les compositions qui sont aujourd'hui connues - toutes publiées après le décès du compositeur - sont tout à fait dans l'esprit de l'époque: "[...] d'une facture proche de la chanson mais très expressive. La signature d'un grand maître se révèle également dans ces compositions mineures. C'est avec un talent consommé que Beethoven utilise les techniques d'arpèges à plusieurs voix typiques de l'art de la mandoline au XVIIIe siècle. Il y a tout lieu de croire qu'il se familiarisa avec toutes les possibilités musicales et techniques de cet instrument grâce à son ami Wenzel Krumpholz, virtuose de la mandoline et du violon. [...]" Marga Wilden-Hüsgen dans une traduction de Sophie Liwszyc.
La Sonatine en ut mineur, WoO 43a, fut publiée pour la première fois en 1874, dans un article sur la mandoline de la première édition du « Grove's Dictionary of Music and Musicians» (*) ; elle débute par une sorte de perpétuum mobile dont la partie de mandoline est d'écriture assez violonistique.
L'Adagio ma non troppo en mi bémol majeur, WoO 43b, apparaît pour la première fois en 1887 dans le supplément de l'édition complète des oeuvres de Beethoven (*) ; le compositeur y place à l'avant-plan le son beau et doux de la mandoline et la mélancolie sans artifice des thèmes, presque comme dans un tableau d'atmosphère.
La Sonatine en ut majeur - WoO 44a, publiée en 1912 seulement (*) -, est "[...] de la musique d'agrément, aimable, élégante et convenable à un instrument qui voulait satisfaire aux plaisirs d'une aristocratie dilettante [...]" Arthur Chitz
Dans l'Andante con Variazioni en ré majeur - WoO 44b, publié en 1940 (*) -, le compositeur épuise toutes les possibilités de variations instrumentales et assigne aux deux partenaires tantôt le rôle de soliste, tantôt celui d'accompagnateur. C'est la pièce la plus attrayante des 4.
Recto de la pochette du disque «EMI / La voix de son maître» CVB-350, avec une reproduction de «La Mandoliniste» de Nina VIDROVITCH.
Robert VEYRON-LACROIX, clavecin, enregistra ces 4 pièces pour «Pathé / La Voix de Son Maître» au début de la seconde moitié des années 1960, avec Maria SCIVITTARO à la mandoline. Au verso du disque est la sonate en ut majeur pour mandoline et piano de Johann Nepomuk Hummel, avec les mêmes interprètes. La parution du disque fut commentée dans la revue «L'Electronique» de juin 1967:
"[...] Nous révélant un aspect inconnu de Beethoven cet enregistrement risque, de prime abord, de dérouter quelque peu ceux qui ignorent que ce grand compositeur n'hésitait pas, le cas échéant, à accorder son attention à la musique d'agrément et à un instrument dont la finesse mordante nous est surtout connue au travers des concerti pour une ou deux mandolines qu'écrivit Vivaldi. [...] on ne peut que s'abandonner à l'écriture mélodique de ces oeuvres, servies ici par une interprétation hors de pair. Mêmes remarques en ce qui concerne la seconde face de ce disque consacrée à la „Sonate en ut majeur“ pour mandoline et piano de Hummel, dont le classicisme séduira plus d'un mélomane [...]l'exceptionnelle qualité de la gravure et du pressage de cet enregistrement à qui nous décernons, sans hésiter, la palme du meilleur disque de musique de chambre réalisé depuis longtemps.[...]" cité de la biographie de Maria SCIVITTARO, rédigée par Georges-Charles BERNARD, publiée sur cette page du site mandoline92.free.fr
Les 4 enregistrements proposés sur cette page proviennent de la réédition sur Nonesuch H-71227 (recto de la pochette reproduit ci-dessus, cover art Abe GURVIN, cover design Robert L. HEIMALL; verso de la pochette avec un texte de Joseph BRAUNSTEIN reproduit au bas de cette page):
Voici donc...
Ludwig van Beethoven, Maria Scivittario, mandoline, Robert Veyron-Lacroix, clavecin
1. Sonatine en ut mineur, WoO 43a 06:34
2. Adagio ma non troppo en mi bémol majeur, WoO 43b 06:17
3. Sonatine en ut majeur, WoO 44a 02:16
4. Andante con variazioni en ré majeur, WoO 44b 09:57
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1. Sonatine en ut mineur, WoO 43a 06:34
