Claude DEBUSSY
Trois „Ballades de François Villon“ pour voix et piano
L 126 (L 119), sur des textes de François VILLON
Flore WEND, soprano
Odette GARTENLAUB, piano
12 mars 1954, Salle Aydar, Paris
«« Composées en mai 1910, les trois „Ballades de François Villon“ s'inscrivent tout naturellement dans le cadre d'un projet de longue haleine de Debussy – que la mort empêcha d'achever – de retour aux sources françaises de la musique, qui devait couronner son ensemble de six sonates pour différents instruments. Deux séries de mélodies avec accompagnement au piano sur des poèmes de Charles d'Orléans et Tristan l'Hermite (1904 et 1910), ses chansons de Charles d'Orléans pour choeur a cappella (1908), le premier livre de Préludes pour piano (1910) où il tente de renouveler la tradition des luthistes du XVIIe siècle et des clavecinistes de l'époque des Couperin et des Rameau, avaient déjà marqué les étapes importantes de ce retour.
Ces trois ballades furent choisies parmi les plus connues de François Villon. Debussy traita ces textes dans l'esprit et presque avec la technique de composition des musiciens de la pré-Renaissance. Depuis 1885, lors de son séjour à la Villa Médicis, il avait pu admirer „la formidable science du contrepoint“ de Roland de Lassus, et écrivait qu'il considérait comme un véritable tour de force les effets qu'il en avait tirés. „Le contrepoint, écrivait-il encore, est la chose la plus redoutable en musique. Mais chez lui [Roland de Lassus], il devient admirable, soulignant le sentiment des mots avec une profondeur sans pareille, et parfois il y a des enroulements de motifs mélodiques qui donnent l'effet de dessins enluminés des très anciens livres de messe“.
Néanmoins, dans le cas particulier de ces ballades, Debussy se défendit d'avoir fait quelque „fabrication“ que ce soit. Il souligna, selon une déclaration recueillie par Léon Valias, „la difficulté d'accorder les rythmes musicaux à ceux de la poésie tout en conservant son inspiration“.
La première de ces ballades, „Ballade de Villon à s'amye“, avec une „expression où il y a autant de douleur que de regret“ (selon l'indication figurant au début de la partition), oppose, dans la partie piano, de grandes phrases mélodiques à des appoggiatures expressives. La déclamation est d'une intensité qui descend directement de la parole.
La deuxième, „Ballade que Villon fait à la requeste de sa mère“, est d'une beauté parfaite, que l'archaïsme délibéré de l'écriture n'altère pas. Malgré la grande simplicité des mesures, Debussy ne renonce à rien de sa personnalité. Sa succession de consonances, sa texture contrapuntique renouvelée par des polyphonies de la fin du Moyen Âge, soulignent les subtilités du texte avec autant de précision et de souplesse que le lui permettait une méthode de traitement moderne.
La dernière, „Ballade des femmes de Paris“, s'inspire sans conteste de certains chants polyphoniques vifs de la Renaissance. Le bavardage rapide évoqué par Villon est souligné avec humour par le rythme sautillant et les allusions musicales en notes staccato. »» Traduit des notes de Roger COTTE publiées en anglais au verso de la pochette du disque „The Haydn Society Boston“ HSL 106.
Les Trois „Ballades de François Villon“ furent données en première audition le 18 novembre 1910 dans le Aeolian Hall de Londres, avec Maggie Teyte, soprano, et le compositeur au piano. La version orchestrale fut donnée en première audition le 5 mars 1911 à Paris, avec le baryton Charles W. Clark et les Concerts Séchiari sous la direction du compositeur.
C’est le jeune éditeur français Michel BERNSTEIN, le futur créateur des labels Valois, Astrée ou bien plus tard Arcana, qui proposa à la soprano Flore WEND - alors installée à Paris - de se consacrer à quelques cycles de Claude DEBUSSY, en l’occurrence „Proses lyriques“, les „Chansons de Bilitis“ et les „Ballades de François Villon“. Bernstein publia ces sessions sur son premier label, „Vendôme“. Dans cette prise de son datant du 12 mars 1954, faite dans la Salle Aydar de Paris avec André CHARLIN comme ingénieur du son, publiée sur „Vendôme“ CM 9101, puis rééditée sur „The Haydn Society Boston“ HSL 106, Flore WEND est accompagnée au piano par Odette GARTENLAUB:
1. Ballade de Villon à s'amye 04:29 (-> 04:29)
2. Ballade que Villon fait à la requeste de sa mère 03:51 (-> 08:20)
3. Ballade des femmes de Paris 01:53 (-> 10:13)
Provenance: Vendôme CM 9101, „The Haydn Society Boston“ HSL 106.